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Amaoui face à une nouvelle scission

© D.R

La direction de la CDT (Confédération démocratique du travail) fait de nouveau parler d’elle. Plusieurs mécontents de la manière de conduire la destinée de cette centrale syndicale par Noubir Amaoui ont décidé la création d’une nouvelle centrale qui porte désormais le nom d’"Organisation démocratique du travail" (ODT). La création de cette nouvelle centrale a été au centre des travaux d’une rencontre nationale, samedi 5 août 2006 à Rabat, qui a regroupé aussi bien des membres du bureau exécutif que de la commission administrative de la CDT en plus de syndicalistes de base.
Lors de cette réunion, il a été décidé de confier les rênes de cette nouvelle centrale syndicale à un bureau exécutif en attendant la tenue d’un congrès constitutif en mars 2007. Ali Lotfi, secrétaire général du syndicat national de la santé (CDT) et l’un des principaux meneurs de la nouvelle fronde contre Amaoui, a affirmé à ALM que la procédure administrative pour la création de l’ODT allait être initiée dès ce lundi 7 août 2006.
Interrogé sur les causes de cette nouvelle scission au sein de la CDT, Ali Lotfi affirme que cela avait été décidé après une série d’"énormes déviations de la direction de la centrale syndicale et la mise à l’écart de toutes les voix attachées à la démocratie interne".  Il en veut pour exemples la création de syndicats parallèles et même d’unions régionales comme cela avait été le cas, récemment, avec la constitution d’une union à Tanger.
Ali Lotfi va encore plus loin pour évoquer ce qu’il appelle le "non-dit". Le syndicaliste fait allusion à la gestion financière de la CDT "sur laquelle personne ne connaît rien". "Je défie quiconque, y compris au sein du bureau exécutif de la CDT, d’avancer le moindre chiffre sur les finances de cette centrale depuis son congrès à Laâyoune", ajoute Ali Lotfi qui rappelle, en guise d’illustration, les "millions de dirhams" que perçoit chaque année la centrale de Noubir Amaoui du gouvernement.
Les détracteurs du S.G de la CDT annoncent toutefois que le choix de la création de l’ODT pourrait être temporaire.
L’un d’entre eux explique que l’éventualité de rejoindre la FDT (Fédération démocratique du travail) ou l’UMT (Union marocaine des travailleurs) n’est pas écartée, surtout que les contacts sont ouverts avec les directions des centrales syndicales de Taïeb Mounchid et Mahjoub Benseddik.
Il y a quelques jours, le bureau politique du Parti socialiste (issu d’une autre scission du Congrès national ittihadi) avait émis un communiqué appelant ses militants à boycotter le conseil national de la CDT du 1er août 2006. Abdelmajid Bouzoubaâ, qui se trouve à la tête de ce nouveau parti politique, occupait d’ailleurs le poste de premier vice-secrétaire général de la CDT. Selon plusieurs sources dans cette dernière centrale, Abdelkader Azriî, autre homme fort de la CDT, boycotte les travaux du bureau exécutif depuis au moins un an.
Outre Abdelmajid Bouzoubaâ et Ali Lotfi, on retrouve, parmi les mécontents d’autres membres des instances de décision de la CDT. C’est le cas de Najia Malak, Abdeslam Bensaleh et Mohamed Jlaidi, membres du bureau exécutif de la CDT en plus d’une dizaine d’autres issus de la commission administrative de la même centrale.
Ali Lotfi conclut en affirmant que le Maroc doit être doté d’une loi sur les syndicats également et qui limiterait les mandats à deux par exemple. Il s’élève aussi contre le fait qu’au Maroc des syndicats soient dirigés par des retraités.
A près d’un mois des élections du 8 septembre 2006 pour le renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers, cette nouvelle scission au sein de la CDT risque de porter un coup dur aux chances des amis de Noubir Amaoui.


  Cadrage



La Confédération démocratique du travail (CDT) est en train de partir en lambeaux. Une deuxième scission vient, en effet, de frapper le syndicat de Noubir Amaoui après celle de la Fédération démocratique du travail (FDT). La nouvelle entité s’appelle l’Organisation démocratique du travail (ODT).
A quand la Ligue démocratique du travail (LDT) ?
Deux mécontents et une nouvelle structure qui émerge comme dans un jeu de prestidigitation. M. Amaoui, naguère flamboyant, serait-il à ce point travaillé par le doute ?        
Comme quoi, tout est démocratique dans cette affaire de multiplication de sigles syndicaux sortis d’une matrice originelle qui a, au moins, le mérite de ne pas être stérile. La relève est garantie. Et rien n’est plus facile dans ce pays que d’ouvrir à l’infini de nouvelles boutiques syndicales ou partisanes. Vive le multisyndicalisme lorsqu’il n’est jamais en grève… de zèle !
Quant au travail, ce n’est pas sûr que les jeunes Marocains, qui languissent dans le chômage, en auront davantage. En fait, chaque mécontent du syndicalisme, tout comme son compère de la politique, travaille pour les élections de 2007 dans l’espoir de trouver un emploi sous la Coupole ou dans le gouvernement. La classe laborieuse, comme ils l’appellent, n’en finit pas, elle, de se coltiner des individus qui cultivent le sens de l’action laborieusement intéressée.   

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