ALM : Comment réagissez-vous à l’arrestation de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud par les milices du Polisario ?
Amina Bouayach : Nous qualifions cette arrestation comme une violation flagrante des droits de l’Homme. M. Ould Sidi Mouloud n’a pas emprunté le chemin du coup médiatique en choisissant de rejoindre les siens à Tindouf à travers la Mauritanie loin des caméras des photographes, alors qu’il pourrait bien retourner à Tindouf en avion à partir d’Alger. Il s’agit donc d’un déplacement à haut risque. Deuxièmement, il faut préciser qu’en soutenant le projet d’autonomie, ce haut cadre du Polisario s’est tout simplement prononcé sur une question objet de négociations entre le Maroc et le Polisario. Son arrestation montre que la direction du front séparatiste communique mal avec les populations séquestrées dans les camps de Tindouf pour savoir leur avis réel à propos du projet d’autonomie. La troisième des choses, c’est qu’il a été porté à notre connaissance que les milices du Polisario se sont déplacés en grand nombre pour arrêter Ould Sidi Mouloud. La vie de ce dernier est en danger et nous sommes inquiets par rapport à cela.
Quelle est la part de responsabilité de l’Algérie dans cette affaire ?
En vertu du droit international, notamment la quatrième convention de Genève sur la protection des réfugiés, du fait que M. Ould Sidi Mouloud a été arrêté sur le territoire algérien et que les camps des séquestrés se trouvent à Tindouf, un territoire algérien, l’Algérie est responsable d’assurer la sécurité de cette personne. En effet, toute atteinte à sa sécurité sera imputée à l’Algérie.
Vous avez adressé une lettre à la CODESA dans ce sens. Qu’est-ce qui justifie votre démarche ?
Effectivement, nous avons adressé une lettre à la présidente du Collectif des défenseurs des droits de l’Homme sahraouis, Aminatou Haidar, l’appelant à coordonner nos efforts avec d’autres associations de défense des droits de l’Homme, dans le cadre d’une visite aux camps de Tindouf. A travers cette visite, nous comptons lancer un appel à la libération de M. Ould Sidi Mouloud en préservant son intégrité physique. Nous demanderons également de garantir à ce haut cadre du Polisario le droit d’exprimer librement son opinion.