La théorie du complot. Trop facile, trop courte et, surtout, trop rapide. Alors même que les braises du restaurant Argana ne s’étaient pas encore transformées en cendres, elle suggérait déjà à travers un questionnement stupide, ou pour le moins prématuré, que des forces occultes à l’intérieur du pouvoir marocain, des faucons de la répression, pourraient être derrière ce crime abject pour faire avorter les réformes dans lesquelles le Roi a engagé le Maroc. Le pire dans ces spéculations c’est que ceux-là même qui reprochent à la justice marocaine de se contenter de présomptions, agissent par présomption. L’enquête est en cours et il est urgent de ne pas la parasiter par des insinuations sournoises. La fantasmagorie de la toile qui peut être le fait d’agents manipulateurs aussi bien que le produit d’internautes atteints de la berlue et encouragés par l’anonymat que confère le web, soulève bien des interrogations sur cette technologie accessible qui se soucie peu de la déontologie, de la rigueur ou de l’impérative nécessité de la vérification et du recoupement de l’information. En principe il devrait en aller autrement pour des formations politiques censées plus équilibrées et plus retenues dans leur jugement. Le Mouvement du 20 février et la conjoncture troublée du monde arabe ont revigoré des partis qui n’ont même pas réussi à mobiliser le tiers de l’électorat marocain lors des dernières échéances électorales. Des groupuscules d’extrême gauche, une partie de l’USFP, mais surtout les islamistes ont cru bon hausser le ton et le plafond de leurs revendications. Tout serait dans l’ordre naturel des choses si par la même occasion ils n’essayaient pas pernicieusement d’absoudre l’extrémisme islamiste des démons qui l’habitent. Pratiquement depuis mai 2003, les services de sécurité réussissent à mettre en échec en moyenne une dizaine de tentatives d’attentat par an. En avril et mars 2007, leurs hommes ont réussi le miracle, au péril de leur vie, de déjouer, sous l’œil des caméras, plusieurs tentatives d’attentat à l’instant même où elles allaient se produire. On peut ne pas aimer la police, mais l’action a bien montré que son premier souci dans ce domaine est de préserver, sans présomption, la stabilité du Maroc et la vie des Marocains. Des supputations, il est possible d’en faire à la douzaine et en matière d’hypothèses il y en a de plus valables : le Mouvement du 20 février a bien réveillé plus d’un somnolant. Mais il n’a pas débouché sur la crise qu’espéraient certains. Au lieu de donner la Tunisie ou l’Egypte, voire la Libye ou la Syrie, il a débouché sur le discours royal du 9 mars. Pareille issue n’est pas pour plaire à des pays de la région ou à des extrémismes qui ne survivent que dans le glauque des mares stagnantes. Atlas Asni, on s’en souvient.