Le parquet belge vient de requérir des peines de 10 ans de prison à l’encontre de deux des treize Marocains jugés à Bruxelles pour appartenance au GICM (Groupe islamique combattant marocain). Il s’agit de Abdelkader Hakimi et Lhoucine El Haski, soupçonnés d’être les dirigeants de la branche belge du GICM. Cette dernière branche, selon le parquet fédéral belge, aurait elle-même servi de locomotive aux autres branches du mouvement en Espagne, en Italie, en France et aux Pays-Bas et notamment en matière d’appui logistique. Dans son réquisitoire, le procureur fédéral, rapporte la presse belge, a affirmé que le GICM aurait participé aussi bien aux attentats de Casablanca en mai 2003 qu’à ceux de Madrid, le 11 mars 2004. Avec, en plus, l’intention de renverser le régime marocain pour le remplacer par un régime islamique.
Des peines de prison allant de trois mois à huit ans ont été requises contre les 11 autres membres de cette cellule dont le procès s’est ouvert en novembre dernier après une interminable série d’investigations ayant associé les polices et les services de renseignement de plusieurs pays. Car, les connexions de cette branche iraient au-delà des frontières européennes. Le GICM, dont la hiérarchie est basée en Belgique, selon les propos du procureur fédéral, recrute et embrigade aussi au Maroc, entretient des relations avec des mouvements extrémistes algériens et libyens, mais aussi avec des organisations liées à Al Qaïda et plus particulièrement la branche qui écume l’Irak. En attestent les activités d’embrigadement de jeunes, en Europe, mais aussi au Maghreb pour le Jihad en Irak.
Au Maroc, les dernières enquêtes concernant la cellule de 17 présumés terroristes ont démontré que l’encadrement était du ressort de Mohamed R’Ha, Marocain de Belgique ayant séjourné en Syrie.
Le GICM a toujours été montré du doigt comme le commanditaire des attentats de Casablanca. Les liens entre ses membres viennent se compliquer davantage avec les alliances passées entre les terroristes. Khalid Bouloudou, poursuivi actuellement à Bruxelles après son arrestation aux Pays-Bas, est l’époux de l’une des nièces de Younès Chekkouri, l’un des cinq « Marocains de Guantanamo » réincarcéré récemment au moment où il était poursuivi en liberté provisoire par la Cour d’appel de Rabat. Il a, lui-même des liens de parenté avec Noureddine N’Fiaâ dont le nom a été beaucoup cité lors du procès des membres du groupe du Français Pierre-Robert pendant l’automne et qui est présenté comme l’un des théoriciens du GICM. Lhoucine El Haski, lui, n’est autre que le frère cadet de Hassan El Haski, toujours détenu en attente de son procès en Espagne pour sa présumée implication dans le carnage de la gare madrilène d’Atocha en mars 2004.
Au Maroc, une source à Rabat confirme que le magistrat marocain chargé d’instruire les dossiers antiterroristes se trouve en long déplacement à travers l’Europe. Me Abdelkader Chentouf se trouve en tournée européenne qui inclut les Pays-Bas, la Belgique, la France, mais aussi l’Espagne pour rencontrer ses homologues dans ces pays et éventuellement interroger quelques-uns parmi les dizaines de Marocains poursuivis pour terrorisme.
La tournée du magistrat marocain intervient après le démantèlement, dans plusieurs villes du Royaume, d’une cellule terroriste en phase de formation. Accusés, entre autres, de préparer des « actes terroristes en relation avec un projet collectif visant à attenter dangereusement à l’ordre public », l’interrogatoire, par un juge d’instruction, des membres de ce groupe reprendra le 28 décembre 2005. De premiers éléments avaient déjà aidé à établir la relation qui existe entre quelques membres de ce groupe et le recrutement de femmes kamikazes pour des attentats. Une ressortissante belge, mariée à un Marocain, avait déjà sauté le pas en perpétrant un attentat suicide en Irak.
A Bruxelles, le réquisitoire du parquet fédéral devait prendre fin jeudi 8 décembre 2005. Les avocats de la défense devront prendre la parole dès ce lundi 12 décembre. Une nouvelle législation antiterroriste belge prévoit des peines maximales atteignant 20 ans pour les dirigeants des groupes terroristes.
La loi marocaine, elle, votée au lendemain des attentats de Casablanca, prévoit des peines de prison, mais aussi la peine capitale dans plusieurs cas de figure.