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Attentats du vendredi 16 mai 2003 à Casablanca : Le Maroc touché pour la première fois par le terrorisme

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Incontestablement, l’année 2003 a été l’année noire de la première décennie du 3ème millénaire au Maroc. Entachée par des événements d’une grande violence, la nuit du 16 mai 2003 a marqué à jamais la mémoire des Marocains. Aux alentours de 22h00 de ce vendredi, une série de cinq attentats suicides a secoué la ville faisant 45 morts et plus d’une centaine de blessés. Les lieux visés étaient le théâtre d’événements sanglants sans précédent. Au consulat de Belgique, à l’hôtel Farah, à la «Casa de Espana», au cercle de l’Alliance juive et à l’ancien cimetière juif de la métropole, les attentats ont secoué la vie paisible des Casablancais. «Cette agression terroriste est contraire à notre foi tolérante et généreuse. Plus encore, ses commanditaires, comme ses exécutants, sont d’ignobles scélérats qui ne peuvent en aucune manière se réclamer du Maroc ou de l’Islam authentique, tant ils ignorent la tolérance qui caractérise cette religion», avait souligné Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son discours du jeudi 29 mai 2003. Ainsi, la guerre était lancée contre les réseaux terroristes. En effet, les enquêteurs assignés pour identifier les responsables avaient relevé que les auteurs appartenaient à la cellule terroriste «Salafya Jihadia» prônant l’idéologie takfiriste. Sept ans après, ce ne sont pas moins de 72 cellules qui ont été démantelées au Maroc.  Pour leur part, les cellules jihadistes n’ont pas manqué de faire parler d’elles avec de nombreuses tentatives vaines d’attentats mal organisés et facilement déjoués par les autorités. Parmi les plus marquantes, celle du 14 avril 2007 où deux kamikazes se sont fait exploser près du centre culturel américain, de la capitale économique. Aucune victime n’a été dénombrée à l’exception des deux kamikazes. Cet attentat suicide est survenu quatre jours après l’explosion de trois kamikazes lors d’une opération de police à Casablanca. Un quatrième avait été abattu avant d’actionner ses explosifs et un policier avait été tué. Dernier coup d’éclat en date, le démantèlement du fameux réseau terroriste «Belliraj».  Spécial de par ses objectifs de déséquilibrer l’ordre public et sa stratégie de guérilla urbaine, le dirigeant du réseau, Abdelkader Belliraj, a fait l’objet d’une condamnation à la prison à perpétuité le mardi 28 juillet 2009 par le tribunal antiterroriste de Salé.  La lutte contre ce fléau a été appuyée par l’adoption de la loi antiterroriste le 28 mai 2003 par le Maroc. Cette loi trouve aussi ses origines dans les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis et dans la résolution 1373 relative à la lutte contre le terrorisme adoptée par le Conseil de sécurité des Nations-Unies.  Ainsi, le Maroc s’était engagé, comme d’autres pays, à préparer une législation pour lutter contre le terrorisme. C’est dans ce sens que le gouvernement marocain avait ratifié, le 13 novembre 2001, quatre traités internationaux de lutte contre des actes terroristes. Et c’est ainsi que le 23 janvier 2003, le conseil des ministres a adopté et déposé auprès du Parlement un projet de «loi contre le terrorisme». Cependant, le mouvement de contestation, constitué par certains acteurs de la société civile, notamment les organisations de défense des droits de l’Homme, les syndicats et les partis politiques, a réussi à faire repousser cette loi. L’ambiguïté de la notion du terrorisme et des sanctions pénales alourdies, mais également les sanctions contre l’apologie du terrorisme, les dispositions exorbitantes du droit commun et le contexte juridique international étaient les principales raisons de cette mobilisation contre le projet de la loi «antiterroriste». Ce n’est qu’avec les événements de Casablanca du 16 mai 2003 que la voie à son adoption à l’unanimité, en l’espace de quelques jours seulement, par les parlementaires, a été ouverte. «La menace terroriste paraît faisant partie de notre vie quotidienne», c’est ce qu’avait annoncé le ministre de l’Intérieur dans sa suggestion sur l’opportunité d’une mise à niveau de la loi antiterroriste pour mieux lutter contre le terrorisme, dévoilée à la veille du démantèlement du réseau terroriste «Belliraj». Aussi, dans le message Royal du 4 mars 2008, destiné aux responsables sécuritaires pour les féliciter du succès de l’opération de démantèlement du réseau «Belliraj», le Souverain a promis de leur fournir tous les moyens nécessaires, matériels, humains, et techniques pour l’accomplissement de leur tâche, désormais, sérieuse, celle de lutter contre le terrorisme, dans le cadre du respect des droits de l’Homme. Aujourd’hui, le Maroc peut se féliciter d’avoir acquis tous les moyens d’anticipation et de lutte contre les réseaux terroristes qui ne peuvent désormais plus prétendre à fleurir sur le territoire national. Dans ce sens et dans un contexte national où la sécurité passe en priorité, la loi antiterroriste est venue rassurer les Marocains. Les événements du 16 mai ne sont pas près de se faire oublier mais le Maroc a pris bien des résolutions. Agissant comme un seul corps, le Royaume a su dire non au terrorisme et stop à la récidive.


 La lutte antiterroriste s’offre un cadre juridique
Si par le nombre effroyable de victimes, les attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre les États-Unis étaient marquants, ils le sont d’autant plus qu’ils ont donné le coup d’envoi à une série de mesures antiterroristes sans précédent. Le Conseil de sécurité onusien, le relais des 192 États membres des Nations Unies, a réagi en premier en adoptant le 28 septembre 2001 la résolution 1373, qui établit les principes de base de la lutte contre le terrorisme. Dans les mois qui ont suivi, l’approbation de législations antiterroristes s’est répandue comme une traînée de poudre sur toute la planète. Le 26 octobre 2001, les États-Unies adoptaient le «Patriot Act», le 14 décembre l’Angleterre votait le «Antiterrorisme, Crime and security Act», l’«Antiterrorisme Act» voyait le jour le même mois au Canada, deux mois après, le Parlement français a promulgué la «loi sur la sécurité quotidienne» (LSQ), etc. Dans le paysage sécuritaire, le Maroc n’a pas fait exception. En janvier 2003, le projet de la loi contre le terrorisme fut présenté d’urgence devant le Parlement. Mais, repoussé, il sera finalement adopté le 28 mai 2003, pour être voté à l’unanimité dans un climat de psychose.

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