ALM : Que répondez-vous à l’appel à l’interdiction de votre film lancé par Abdelbari Zemzmi ?
Aziz Salmy : Il est regrettable que des gens généralisent et portent des jugements hâtifs sur un film sans l’avoir vu et appellent à l’interdiction et à la censure. L’appel de M. Zemzmi tombe à l’eau, puisque la diffusion du film a été autorisée par le Centre cinématographique marocain et respecte par là toutes les lois en vigueur. Dans mon film, je parle d’une seule femme, du cas particulier d’une certaine catégorie de femmes, et je ne généralise pas. Il s’agit de l’histoire d’une femme qui n’arrive pas à concilier entre sa vie sentimentale et sa vie religieuse, entre modernité et conservatisme, entre le divin et le charnel. Le but de mon film n’est pas de faire la morale et encore moins de polémiquer. Pour moi, le but du cinéma est de poser les problèmes de la société et de créer un débat positif. Et puis l’histoire d’une femme modèle n’intéresserait personne. En tant que réalisateur, je choisis des histoires intéressantes et des personnages complexes.
Votre film comporte des scènes jugées érotiques. Cela est-il dû à un choix esthétique, ou répond-il à un simple besoin de provocation ?
Aucun réalisateur ne peut vous dire qu’il utilise des scènes tout simplement pour provoquer. Cela va au-delà de l’esthétique. Ces scènes s’inscrivent dans la dramaturgie du film, dans la construction du personnage. On m’a reproché de n’avoir montré que les scènes d’amour de l’héroïne (Batoul) et non ceux de la deuxième conquête (Houyam) du héros (Hamza). C’est qu’il fallait montrer les significations particulières des actes amoureux pour chacun des personnages.
Le recours par certains réalisateurs à des scènes de nu, ne s’explique-t-il pas par des considérations de guichet ?
Il n’y a pas un seul réalisateur qui vous dirait oui. J’ai fait un film de genre comédie sociale tragique. Quand un réalisateur fait un choix, c’est qu’il est convaincu par sa nécessité. Et puis il n’est pas le seul impliqué dans l’histoire, il y a aussi les acteurs qui peuvent ne pas le suivre s’il ne sont pas eux aussi convaincus et que ces scènes ne sont pas justifiées. Et au début, le scénario du film comportait 15 fois plus de scènes de nu. Et pourtant le film a reçu le soutien du CCM. Quand on commence la réalisation du film, on s’aperçoit de la pertinence et de l’adéquation de chaque scène à la progression de la trame du film.
Ce film est-il une production 100% marocaine ?
Il n’y a pas de fonds étrangers dans la production du film qui suscitent débat. Une minime partie des financements du film provient d’une coproduction étrangère n’est intervenue que dans la phase finale du film, la post-production. Ainsi elle n’a eu aucune influence sur le contenu du film.