ALM : Quelle lecture faites-vous, en tant que professionnel, des derniers développements de l’affaire de «Jnane El Kébir» ?
Mohamed Adel Bouhaja : A mon avis, il s’agit là d’un faux problème et les journalistes ont trop amplifié une polémique qui n’a pas lieu d’être comme le démontrent les résultats des travaux de commissions d’enquête successives. Les choses ont pris une autre direction et je peux vous assurer que 90 % de ce qui a été écrit n’est nullement fondé. Il y a un manque de sérieux et de rigueur. Nous ne connaissons pas les sources d’information de cette presse et nous n’avons pas été contactés en tant que professionnels et partie prenante. Je veux également ajouter qu’en tant que secteur professionnel, nous ne sommes pas concernés par les investigations passées ou en cours. Tous les promoteurs impliqués dans cette zone ont obtenu des autorisations, mais aucune dérogation de quelque sorte qu’elle soit.
Je dirai même plus : certains promoteurs ont préféré abandonner certains de leurs droits non pas qu’il y a un quelconque problème, mais pour préserver l’aspect et l’attrait du quartier. A titre d’exemple, certains pouvaient effectuer une occupation du sol de l’ordre de 40% et ils ont ramené ce taux à 28% seulement. Peut-être que les responsables ont d’autres critères qui leur sont propres et que nous ne connaissons pas, mais pour nous, ne se pose le moindre problème.
Quel est le rôle, dans tout cela, de l’Agence urbaine ? Est-elle responsable ?
Personne ne l’est. Même d’un point de vue technique, cette zone est dotée d’un plan d’aménagement depuis qu’elle relevait de la préfecture de Sidi Youssef Ben Ali. Il a été approuvé en 1999. C’est d’ailleurs, actuellement, le seul arrondissement (Sidi Youssef Ben Ali) à disposer d’un plan d’aménagement. Un plan similaire est en train d’être discuté pour toute la ville de Marrakech et, en fait, il s’agit de revoir un plan déjà élaboré depuis plusieurs années pour le remettre au goût du jour. Il y a un consensus pour accélérer les choses dans ce sens et des contacts initiés depuis une semaine vont dans ce sens en collaboration avec tous les partenaires.
N’y aurait-il pas eu, d’après vous quelques précautions supplémentaires à prendre vu la «spécificité» de cette zone et le voisinage d’une résidence Royale ?
On ne peut pas être plus royalistes que le Roi et on n’est pas censés faire le travail des autorités. Pour le cas dont on parle, l’Agence urbaine a fourni toutes les informations nécessaires aux promoteurs et lotisseurs qui ont agi en conséquence. Ce sont des aspects que les professionnels qui se respectent ne prennent jamais à la légère.
On affirme que les travaux ont été suspendus dans cette zone par plusieurs promoteurs. Qu’en est-il exactement ?
Je considère comme suspendus des travaux qui ont déjà été initiés. Ce n’est pas le cas de toutes les manières pour plusieurs promoteurs qui sont arrivés au stade de la finition et des dernières retouches.
Peut-être qu’il y a des gens qui ont décidé de tout suspendre en attendant de voir plus clair dans cette histoire.
Mais, à ma connaissance, les autorités n’ont pas agi dans ce sens. Il ne faut pas oublier non plus qu’une telle décision, celle de suspendre les travaux par les autorités compétentes, exige d’autres procédures. Il faut d’abord qu’il y ait des contraventions et ce n’est pas le cas, jusqu’à preuve du contraire. Nous sommes dans un Etat de droit et nous avons des lois. Marrakech est la vitrine du Maroc et ce n’est pas dans cette ville que l’on pourrait se permettre d’entacher cette image.