Bouchta Bouriki, 41 ans, a grandi au 19 Rue Oulad Saïd à Khouribga auprès d’un père ex-agent de l’OCP comme la plupart des pères de famille de cette ville. N’ayant pas réussi à avoir son Bac en sciences expérimentales, il n’a qu’une seule envie : aider son père à «gérer» cinq autres enfants, deux garçons et trois filles. Après une année au chômage, il part en Italie en 1986. coup de chance, à cette époque-là, nul besoin de visa et il suffisait d’avoir un passeport. Au Maroc, il laisse derrière lui une appartenance au mouvement «Adaâwa Wa Tabligh» et beaucoup de sympathie pour le MUR.
Arrivé à Turin, il est d’abord marchand ambulant avant d’intégrer une société où la majorité des employés italiens étaient des illettrés. Son intégration se passe sans problèmes. Cinq ans après, il a réuni assez d’argent pour acquérir le fonds de commerce d’une boucherie. Bouriki a le sens des affaires, mais aussi des études quitte à se torturer les méninges pour arracher des diplômes par correspondance. Sa sœur Hafida, arrivée de Ouarzazate quand elle a appris son expulsion, parle de quelqu’un d’ouvert, mais d’intransigeant. Bouchta s’habille comme tout le monde et lui arrive même d’emmener ses enfants sur les plages pour profiter du soleil et du sable de leur pays. Yassir, Bilal, Oussama et Afaf, ses enfants, apprécient, eux qui vont dans des écoles publiques italiennes comme les enfants de leur âge. Halima, son épouse d’origine fassie, ne porte pas le «Niqab» et se déplace à visage découvert.
Quand on pose la question à Bouriki, l’imam affirme qu’il n’a rien contre du moment que cela est plus conforme à la loi et qu’il n’y a rien, dans les textes fondateurs de l’Islam, qui oblige au «voile intégral».
Sauf que Bouchta n’a pas sa langue dans la poche comme il est de coutume chez les braves gens de la Chaouia. Le ministre italien de la Réforme en sait quelque chose ! Tout comme plusieurs responsables locaux et nationaux de la Ligue du Nord de Bossi. Figure habituée aux caméras italiennes, plusieurs journalistes ont fait le déplacement pour le suivre à Khouribga et dont le journaliste de «La Repubblica» qui a eu des problèmes au moment de quitter le Maroc.
Ses droits, Bouriki compte les défendre par tous les moyens légaux. Depuis qu’il est au Maroc, son GSM n’arrête pas de sonner. Une cinquantaine d’avocats, la crème de ce que compte le Barreau turinois, coordonnent déjà sa défense. Sans parler des comités de soutien et des manifestations organisées récemment en sa faveur. Lui, il se dit confiant. Sa revanche rêvée sera de «casser» la décision de son expulsion, liquider ses biens et rentrer au Maroc où il y a beaucoup à faire, affirme-t-il sans grande amertume.