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Bourse : les raisons d’un emballement

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L’indice vedette de la Bourse des Valeurs de Casablanca, MASI, s’est apprécié de 23,5% au 1er février, dépassant en un mois la bonne performance enregistrée sur toute l’année 2005 (+22,49%). Cette tendance, généralisée à tous les secteurs, est d’autant plus impressionnante qu’elle s’est réalisée sur des volumes consistants. Les 22 premières séances de 2006 ont généré un volume de 8,1 milliards de dirhams sur le marché central, ce qui représente un cinquième du volume de 38,3 milliards engendré par les 251 séances de 2005 réunies. De ce fait, la capitalisation a gagné 60 milliards depuis le début de l’année pour culminer à plus de 310 milliards de dirhams.
Cette situation s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs. Selon un analyste financier d’une banque de la place, cette tendance est causée par un afflux de capitaux du Golfe qui connaissent dernièrement une hausse importante due au renchérissement du pétrole brut sur les marchés internationaux. On note que ces investissements se sont tournés vers le Maroc après avoir épuisé les opportunités d’investissement offertes par les Bourses du Golfe – la place égyptienne s’est envolée de plus de 140% en 2005.
Mais la question de cette dernière envolée n’est pas tout à fait tranchée puisqu’il n’y a pas de preuve concrète sur cet afflux de « pétrodollars ». Elle n’est toujours pas clairement visible dans l’évolution de la valeur du dirham. Certains opérateurs estiment, pour leur part, que le regain d’activité récent est attribuable aux investisseurs locaux, institutionnels et petits porteurs. Et pourtant, on pensait que, suite au rétablissement par le législateur de la taxe des produits des actions de 10%, suspendue entre 2002 et 2005, cela allait avoir un effet négatif sur l’activité de la Bourse.
Pour Hicham Ayyouch, responsable de la salle des marchés de la société de Bourse Finergy, la Bourse ne fait que rattraper un certain retard pour s’aligner sur les performances des places régionales à niveau de développement comparable. «Une légère spéculation a poussé le marché à un niveau d’évaluation qui est à présent dans les normes», indique-t-il. Selon une note d’analyse de BMCE Bourse datée de janvier, le marché traite 16,6 fois ses résultats prévisionnels de 2005. Pour 2006, le PER devrait sensiblement baisser à 15,3 fois.
Certains observateurs notent que le manque de profondeur de la place casablancaise, qui englobe 55 sociétés cotées, a aussi contribué à cette hausse généralisée.
Cependant, le risque d’un retrait brusque des capitaux du Golfe ne peut pas être complètement écarté. Ceci entraînerait une correction sévère du marché et une baisse des indices. Pour un analyste financier d’une banque de la place, la situation pourrait être problématique s’il s’avère que ces capitaux représentent la principale cause de la performance des dernières semaines. On leur reproche d’être capricieux avec un horizon d’investissement relativement court. Cela étant, plusieurs observateurs pensent que les institutionnels de la place, parmi lesquels la Caisse de Dépôt et de Gestion, ont participé grandement au rallye. Ce qui est relativement rassurant dans la mesure où ces derniers procèdent généralement à des investissements réfléchis sur un horizon de moyen et long termes.
Si la situation n’est pas tout à fait tranchée, tout le monde s’accorde à dire que les performances exubérantes affichées ces dernières semaines, aussi bien en volume qu’en hausse, ne peuvent pas continuer sur cette lancée. M. Ayyouch voit la Bourse gagner 30% sur toute l’année si les fondamentaux, à la fois de l’économie marocaine et des sociétés de la cote, restent bons.

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