Le Maroc a énergiquement protesté contre les dernières déclarations et positions du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, concernant l’affaire du Sahara marocain. Dans un communiqué rendu public, dimanche 22 mai, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a indiqué que "le Royaume du Maroc déplore vivement les dernières déclarations et positions officielles de l’Algérie sur la question du Sahara marocain". Bien qu’il ne cite pas nommément le chef de l’Etat algérien, le communiqué se réfère aux dernières déclarations et discours de M. Bouteflika où il a réitéré sa position hostile à l’intégrité territoriale du Maroc. Il s’agit notamment des propos qu’il a tenus sur la cause nationale marocaine lors de la visite officielle qu’il a effectuée au Chili le 17 mai, et la lettre de félicitations qu’il a adressée au chef du Polisario à l’occasion du 32ième anniversaire de la création de cette entité séparatiste par le pouvoir algérien.
"Le Royaume du Maroc déplore vivement les déclarations et positions officielles que l’Algérie a cru devoir exprimer ces derniers jours sur la question du Sahara marocain", indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères avant d’exprimer les regrets du Royaume de voir ces positions exprimées et réitérées d’une façon récurrente à un moment où les deux pays avaient entamé un processus prometteur de normalisation et de rapprochement. Le communiqué du Royaume du Maroc se réfère ainsi aux derniers développements positifs en ce qui concerne les relations maroco-algériennes notamment après la visite effectuée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Alger en mars dernier et la rencontre entre le Souverain et le président algérien en marge du Sommet arabe.
À l’occasion de cette visite "importante" et "historique", rappelle le communiqué, les deux pays avaient décidé "de s’engager résolument et sincèrement dans la voie de l’apaisement et de la normalisation en laissant notre question nationale trouver une solution définitive dans le cadre des Nations unies".
Or, les dernières déclarations du chef de l’Etat algérien constituent une violation flagrante de ce qui a été convenu à cette occasion. Il est à rappeler que lors de son séjour au Chili, Abdelaziz Bouteflika avait réitéré ses positions anti-marocaines en ce qui concerne l’intégrité territoriale du Royaume. Dans un discours qu’il a prononcé à l’occasion d’un dîner avec le président chilien, il avait réitéré sa position sur l’affaire du Sahara marocain selon laquelle le Maroc serait un pays colonisateur et que la seule solution de ce conflit serait l’accès à l’autodétermination de ce qu’il appelle le peuple sahraoui. Pour justifier cette position hostile, le chef de l’Etat algérien s’est dit convaincu de la nécessité pour le Maroc d’appliquer la résolution 1495 du Conseil de sécurité de l’ONU. "La résolution 1495 adoptée à l’unanimité par les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dont le Chili, le 31 juillet 2003, a fait sien le Plan Baker de règlement du problème du Sahara Occidental", avait-il indiqué. Or, il s’agit là d’une lecture délibérément dénaturée de ladite résolution qui n’impose aucunement le plan dit Baker II. En plus, cette résolution est devenue caduque après l’adoption des deux résolutions qui l’ont suivie et qui ne font aucune référence à ce plan qui a d’ailleurs été enterré avec la démission de celui qui l’avait proposé. Une falsification préméditée de la vérité que le communiqué du ministère des Affaires étrangères a tenu à dénoncer. "L’Algérie demande au Maroc d’accepter et de mettre en œuvre le plan Baker II de 2003, pourtant largement dépassé au point que les Nations unies appellent officiellement depuis à la nécessité de sortir de l’impasse actuelle et de progresser vers une solution politique et définitive à négocier", rappelle le ministère des Affaires étrangères. Ce parti pris de l’Algérie contredit par ailleurs ses allégations concernant sa prétendue neutralité sur ce conflit artificiel qu’elle a pourtant monté de toutes pièces, il y a trente ans afin d’empêcher le Maroc de parachever son intégrité territoriale. La preuve de l’implication active de l’Algérie dans la création et le soutien du Polisario vient d’être donnée encore une fois par le président Bouteflika lui-même, à l’occasion du 32ième anniversaire de la création de cette entité séparatiste à la solde d’Alger. Dans une lettre de félicitations qu’il a adressée à cette occasion au chef des séparatistes polisariens, Mohamed Abdelaziz, le chef de l’Etat algérien a tenu à le rassurer du soutien de l’Algérie. "Fidèle à ses principes inaliénables…l’Algérie soutient cette cause et toutes les autres, conformément à la Charte de l’ONU en vue d’aider le peuple sahraoui ainsi que tous les peuples à recouvrer leur liberté et leur indépendance", a dit M. Bouteflika. À quelques jours de la tenue en Libye du sommet maghrébin, le président algérien a annoncé au chef du Polisario que tout en participant à ce sommet, Alger restera fidèle à son engagement aux côtés du Polisario. "Engagé comme nous l’avons toujours été, nous irons en Libye fidèle à nos promesses", a promis M. Bouteflika. Il s’agit-là d’une provocation évidente envers le Maroc et face à laquelle le Royaume ne pouvait que réagir fortement. "À quelques jours de la tenue à Tripoli d’un sommet maghrébin tant attendu après une interruption de onze années, en raison justement du différend algéro-marocain sur la question, l’Algérie va jusqu’à attribuer au Front Polisario le statut de mouvement de libération du peuple sahraoui, ignorant ainsi la large majorité d’authentiques sahraouis fermement attachés à leur marocanité", souligne le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Ainsi, avec ces provocations, Alger menace tout processus de normalisation entre les deux pays, d’une part, et ceux de l’Union du Maghreb arabe, d’autre part. "Le Royaume regrette profondément que ces positions soient volontairement réitérées dans une démarche pour le moins contradictoire tant avec l’approche bilatérale récemment retenue qu’avec la volonté de donner au processus d’intégration maghrébine une réelle chance de progression et de succès dans une vision unitaire et respectueuse des intérêts supérieurs des Etats membres de l’Union du Maghreb Arabe", conclut le communiqué du ministère des Affaires étrangères.