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Cadrage : Aux abris

La France cède à la tentation de l’extrémisme de droite, avec ce que cette perspective comporte comme dangers et comme dérives. Les valeurs de ce grand pays qui a beaucoup donné à l’universalisme et aux lumières, sont sérieusement mises à mal par la perspective d’une plongée dans l’obscurantisme fascisant et le chauvinisme étroit.
L’affaire est certainement franco-française, au premier abord. C’est un scrutin démocratique, dans un pays qui ne se prive pas de donner des leçons en la matière à l’ensemble de la planète, mais qui a suscité désarroi et inquiétude parmi de larges couches de la population. La classe politique ayant en partage les valeurs de la république a exprimé sa déconcentration et une certaine amertume de voir le spectre du fascisme reprendre du poil de la bête. Ce qui est en train de se manifester en grandeur nature n’est pas un simple accident de parcours. Les germes de ce qui mûrit dans l’Hexagone sont semés depuis longtemps dans le corps de la société française, les maladresses, les calculs et les surenchères politiciennes ont constitué un terreau fertile pour la propension des idées de Le Pen et de ses ouailles, qui se comptent actuellement en millions, lesquelles ont apporté leur adhésion et leurs suffrages souverains à un politicien dont le fond de commerce est essentiellement xénophobe, raciste et nationaliste extrémiste. L’image de la France humaniste et généreuse en prend un coup très dur.
L’affaire est aussi européenne. La France est un pays référence dans la construction de l’ensemble européen. Que ce soit dans sa dimension actuelle ou dans la grande Europe, de l’Atlantique à l’Oural, que De Gaulle appelait de ses voeux. Alors, après avoir milité pour une Europe affranchie des dictatures sous toutes leurs formes, après avoir été aux premières lignes pour soutenir les républicains espagnols contre le franquisme, avoir dénoncé les dérives fascistes en Italie, en Autriche et en Hongrie, la voilà, cette même France qui cède au charme du lepénisme dans toute son exception hexagonale.
Mais, pour nous Marocains, cette nouvelle donne est particulièrement inquiétante. Le Maroc compte une très importante communauté expatriée en France. Celle-ci est au moins à trois générations. Un certain nombre d’entre eux sont également français. Mais pour une idéologie comme celle de Le Pen, ils demeureront porteurs de gènes barbares et donc voués aux gémonies au même titre que tout ce qui est africain, arabe, musulman, ou assimilé. Nous sommes légitimement pessimistes sur l’avenir de cette communauté qui constitue à la fois une importante source de revenus pour le pays d’origine, mais également une passerelle humaine susceptible de jouer un rôle essentiel dans le rapprochement entre les peuples, les cultures et les civilisations.
Alors, si demain, ceux-là même qui, il y a quelques années, ont jeté, par un après-midi ensoleillé de 1er mai, un jeune marocain du nom de Bouarram, dans les eaux de la Seine, en plein Paris, où il s’est noyé, trouvent leur chemin vers l’Elysée et les centres de décision de la République, nous sommes fondés, autant que nous sommes, à craindre d’être purement et simplement jetés à la mer !

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