Alors que l’on s’acheminait allègrement, dans les rangs des enseignants, vers une grève générale pour les 14, 15, 16 et 17 mai, voila que dans les dernières minutes de jeu, au bout d’un marathon de plusieurs années de négociations « stériles», l’on annonce la réalisation d’un accord. Le mot d’ordre de grève lancé par le Syndicat national de l’enseignement (SNE/CDT), la Fédération autonome de l’enseignement (FAE/UGTM) et la Fédération nationale de l’enseignement (FNE/UMT), est annulé. Et ceux qui se voyaient déjà « en haut de l’affiche», jubilant à l’idée de monnayer au centime près leur pouvoir sur les masses, en cette période cruciale d’élections, en sont réduits à ronger leur frein.
Etait-ce là le but de ce timing soupçonneux pour une grève nationale dans le secteur au plus fort effectif ? Les négociateurs syndicaux sont-ils parvenus à leur but ultime, de forcer la main, en période électorale, à un gouvernement accusé jusque-là des pires tergiversations ? Ou alors, les choses se sont-elles passées autrement que prévu, faisant rater à certains l’occasion d’une historique démonstration de force en conjoncture on ne peut plus favorable ?
Sans doute un peu des deux options. Tant les priorités des partenaires syndicaux, affiliés aux trois principales centrales, sont différentes. Quoi qu’il en soit , tous ensemble, auront réussi à amener l’exécutif, le Premier ministre en tête, à la table des négociations et à arracher à quelques heures à peine de l’expiration de l’ultimatum, un accord au sujet de certains points du volumineux cahier revendicatif des enseignants. Tant mieux pour les masses enseignantes.
Tant mieux pour le gouvernement aussi, qui peut annoncer, dès les premières heures de mardi, via un communiqué de la primature, que la crise a finalement été circonscrite. Nouveau point à l’actif de l’exécutif. Juste après la présentation du projet de loi sur l’assurance-maladie obligatoire et la mise en chantier du projet de projet de réforme administrative. A croire que les syndicalistes, en voulant mettre au pied du mur le gouvernement, lui ont finalement donné l’occasion d’améliorer son score. Sur la dernière ligne droite, à quelques enjambées du cap septembre 2002.
En attendant, la réunion au sommet nocturne, qui a aligné du coté de l’exécutif les détenteurs des portefeuilles des Finances, de l’Education nationale, de la Fonction publique et des Relations avec le Parlement et du coté syndical des représentants du SNE, de la FAE et de la FNE, aura permis de mettre dans l’escarcelle des enseignants pas moins de 4 milliards de DH, affectés, tout au long des quatre prochaines années, au financement du nouveau régime indemnitaire. Des espèces sonnantes et trébuchantes qui auront finalement masqué le roulement des tambours de grève. Chacun y a eu son compte.