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Cadrage : Délicatesse

La création solennelle de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des jeunes détenus, annoncée mardi soir à Tanger, vient s’inscrire dans le droit fil d’une approche initiée et promue par le Souverain et réitérée à maintes reprises depuis au moins deux ans : les problèmes sociaux du Maroc, pour graves et fragilisants qu’ils soient, n’en sont pas moins pris en charge, assumés et pris à bras le corps. C’est à la fois une forme évoluée de lucidité, mais sans résignation, de prise de conscience réelle et objective, mais sans misérabilisme, d’oeuvre didactique et d’appel à la générosité, mais sans non plus de culpabilisation ou de mortification spectaculaires.
Le Maroc est un pays qui, pour mille raisons à la fois objectives et subjectives, accuse un énorme retard y compris dans son rapport à l’autre, dans sa propre humanité et dans le sort qu’il réserve aux exclus, aux démunis et à tous ceux qui vivent la précarité. La vie en société, surtout quand celle-ci est soumise au tangage incessant des mutations de tous ordres qui la secouent, implique une veille constante à ne pas exclure, à ne pas prendre le risque de commettre l’irrémédiable à l’encontre de la personnalité des jeunes détenus; que ce soit lors de la durée de leur incarcération ou après l’expiration de celle-ci.
La société est certes tenue de fixer des règles, de mettre en place des procédures, de dissuader les contrevenants, de punir les fautifs et de protéger l’intégrité et les biens d’autrui. Elle est tout à fait dans son rôle quand elle arrête, juge et incarcère les coupables.
Mais cela devra s’accompagner d’une grande vigilance à ne pas porter atteinte à la dignité de la personne, à ne pas lui faire encourir le risque de dégradation, de corruption et de maltraitance à l’encontre de la personne humaine quel que soit le forfait pour lequel elle expie.
Ce souci de la personne humaine et de la défense de sa dignité implique aussi, pour la société de mettre en place les mécanismes nécessaires pour assurer une véritable insertion à ces dizaines de milliers de jeunes, un e fois qu’ils ont payé pour leurs torts. Car souvent la disproportion entre la faute et le prix payé est outrancière et les dommages pour la société, et par ricochet, sont incommensurables.
Dans ce contexte, la capacité d’une société à prendre en charge ses fils, tous ses fils, et à préserver leur dignité, toute leur dignité, est un critère significatif du degré d’évolution de cette société et de son aptitude à inspirer confiance.

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