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Cadrage : Élites citoyennes

L’initiative du GRET, à laquelle s’associe activement notre journal, met en scène un débat essentiel qui concerne l’état d’esprit de nos élites, la nature et le degré de leur engagement – ou désengagement – par rapport aux choses de la cité. Une interrogation d’autant plus actuelle et pertinente que notre pays est en train de négocier une période sensible de son histoire, en relation avec les grandes transitions avec lesquelles il a rendez-vous, que ce soit sur le plan institutionnel, économique, culturel ou médiatique. Loin de verser dans un quelconque catastrophisme ou nihilisme sensationnaliste, et souvent intéressé, nous estimons, en effet, que notre pays est travaillé de l’intérieur par des courants de pensée, un débat d’idées, une dynamique vivace, un processus d’intégration à l’économie mondiale, avec ses heurs et malheurs, une prise de parole écoutée au niveau régional et international et, en définitive, la vie normale d’un pays émergent dans un contexte mondial complexe et hautement rythmé, et qui tient dans le même temps à ne pas perdre son âme.
Un destin que dessinent et que portent des hommes et des femmes engagés, chacun à sa manière et selon ses convictions, dans la construction non seulement d’une action s’insérant dans un programme ou dans une ligne de conduite, mais aussi un discours, un argumentaire, des prises de position et des attitudes vis-à-vis des sujets de préoccupation des citoyens.
Ce sont ces hommes et ces femmes, qui prennent la parole, qui sont sollicités pour dénouer les complexités et organiser le discours, qui constituent les élites d’une nation, responsables collectivement de l’état de ce discours, de sa pertinence et du degré de crédibilité et de cohérence de ses propos.
On parle régulièrement et pas seulement au Maroc de la crise des élites, comme on parle de la crise des intellectuels et du déficit d’engagement chez les uns et les autres. Pris individuellement, chacun a des arguments pour expliquer sa désaffection et son scepticisme vis-à-vis de l’engagement politique, sous-entendu partisan, chargeant les partis de tous les maux et de toutes les turpitudes. Or, les élites sont, à ce sujet, globalement responsables de l’état dans lequel se trouve le paysage partisan formel ou le discours politique en général.
La qualité du paysage et du discours politiques dépendent organiquement de la qualité des rapports que les élites du pays, dans tous les domaines d’activité, entretiennent avec la chose publique et avec la vie des citoyens. S’impliquer de quelque forme que ce soit et combattre l’indifférence et l’oisiveté intellectuelle sont le point de départ d’une action citoyenne qui se situe en amont de tout parti-pris partisan ou idéologique, mais qui n’est certainement pas exclusive de ces formes d’engagement.

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