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La référence que constitue l’Amérique du Nord en matière de progrès économique, technologique et médiatique explique en grande partie l’engouement que ce continent a toujours suscité chez des millions de jeunes à travers le monde qui rêvent d’émigrer vers cet Eldorado si prometteur, si prospère et si fantastique. Les Marocains n’ont pas dérogé à cette règle. Pays d’émigration par excellence, surtout vers l’Europe, destination classique, le Maroc n’a pas non plus échappé aux chimères et aux attraits du Nouveau monde. Mais compte tenu de l’éloignement, des coûts, de la barrière linguistique et des critères de sélection imposés outre-atlantique aux candidats à l’immigration, ce sont surtout les étudiants, qui ont pu mettre à exécution leur projet d’aller vivre, pour une période plus ou moins longue, aux Etats-Unis. Et, dans le palmarès de l’immigration, cette catégorie d’expatriés a longtemps fait figure d’une élite qui suscitait beaucoup d’envies et de fantasmes parmi leurs compatriotes.
Et puis, arrive le fameux 11 septembre. On n’a cessé de le répéter : rien ne sera plus comme avant ! Aux Etats-Unis, les réflexes et les mesures sécuritaires ont pris le dessus sur toute autre considération d’humanisme, de libéralisme, de liberté de circuler, des droits de l’Homme, de l’égalité et de tout ce qui faisait fantasmer les jeunes. Les amalgames, les réductions, les généralisations abusives, conjuguées avec un lourd substrat xénophobe, raciste et condescendant envers les immigrés en général et ceux issus des pays arabes et musulmans en particulier, ont complètement bouleversé la vie de ces jeunes et provoqué en eux des sentiments mitigés où se mêlent déception, incompréhension, désarroi et désenchantement. Derrière la façade de l’hospitalité et de l’égalité des chances se sont révélés les pires instincts de rejet, de suspicion et de défiance.
L’Amérique en découvrant sa fragilité face au terrorisme aveugle, laisse également transparaître sa propension à prendre des mesures punitives sans quartier, en recourant à des méthodes et des procédés expéditifs et à des brimades qui touchent les gens dans leur dignité et leur conscience.
Alors, des centaines de jeunes marocains, pris dans cet engrenage, se sont retrouvés du jour au lendemain, en train de faire les frais du désenchantement et de la désillusion. Nombreux parmi eux sont ceux qui, au-delà des difficultés de réinsertion dans leur pays d’origine, des problèmes de l’emploi et du décalage entre les conditions matérielles de là-bas et d’ici, choisissent le retour à n’importe quel prix. C’est pour eux une manière de réintégrer une identité et un chez soi qui fournissent des repères réconfortants. Pour le pays, c’est certainement une dimension à prendre en charge dans le regard porté sur les ressources humaines expatriées et dont le retour et la valorisation de l’identité nationale devront être considérés désormais sous l’angle d’une opportunité et d’un début de renversement de tendance dans le grave problème de la fuite des cerveaux.

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