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Contrebande : 400 MDH de marchandises saisies par la douane en 2011

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Dans ces villes, la contrebande a remplacé le commerce. Cette activité illicite cause des pertes en recettes fiscales et douanières considérables. Chiffres à l’appui, durant les dix mois de l’année 2011, la valeur des marchandises saisies, hors stupéfiants, a dépassé le montant de 400 millions DH pour 21.989 affaires dont 18,6% concernent les affaires de contrebande. D’après l’Observatoire de la contrebande, «on assiste à une anarchie remarquable pratiquée par le commerce ambulant et déloyal et une progression sans égal de l’activité des contrebandiers ». Quelles en seraient les causes ?
A raison ou à tort, le Printemps arabe est montré du doigt. La cause pour laquelle ce phénomène ne se fait plus dans la clandestinité serait d’ordre conjoncturel. «Après les évènements qui ont secoué
certains pays arabes et leurs répercussions sur la population maghrébine, on pense que les gardes frontaliers ont affiché une certaine souplesse quant à la circulation des produits dans les deux sens», note un responsable de l’Observatoire de la contrebande. Par ailleurs, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) estime que la recrudescence de ce fléau incombe à la reconversion des frontaliers en de véritables convoyeurs de marchandises de contrebande au profit de contrebandiers d’une grande notoriété. L’ADII note à ce sujet que ce phénomène ne devrait plus être justifié en se basant sur les conditions sociales des concernés. «Il faut démystifier cela, le financement des marchandises de contrebande introduites peut s’effectuer dans le cadre d’opérations de blanchiment d’argent provenant des stupéfiants ou de trafic de devises».
En effet, selon l’ADII, la lutte contre la contrebande serait d’une extrême complexité: «Dans le cadre de l’exécution de leur mission, les agents des douanes chargés de la lutte contre la contrebande s’exposent souvent à des attaques portant atteinte à leur intégrité physique et aux biens de l’Administration. Ces actions, qui troublent l’ordre public, sont organisées et dirigées par des contrebandiers notoirement connus», note l’ADII. Malgré les efforts fournis pour freiner l’expansion de ce phénomène, les conséquences demeurent lourdes. Les prix pratiqués dans les ventes des produits de la contrebande affectent l’industrie locale qui subit des pertes en chiffres d’affaires très énormes. En effet, l’écart entre les prix de ces produits et ceux nationaux similaires est grand au point que certaines entreprises confrontées à des problèmes de méventes ont mis la clef sous la porte. «A cause de la contrebande des médicaments, et la déviation du circuit légal de distribution, 30% des pharmaciens au Maroc ont fait faillite. Certains sont endettés jusqu’au cou, d’autres sont en prison ou encore, ont préféré fuir le pays», regrette Mounir Tadlaoui, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens au Maroc (FDNSM).
Somme toute, la réussite de la lutte contre la contrebande est tributaire d’une bonne collaboration entre les différents corps de l’Etat habilités à agir dans ce cadre. Les lois régissant ce domaine d’activité ne connaissent pas de vide. Elles sont claires et dotent les autorités des prérogatives
nécessaires pour intervenir. Chose qui laisse dire que tout est tributaire d’une volonté politique de trouver des alternatives et stopper l’hémorragie. A bon entendeur.

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