Couverture

Dans 15 jours, on va voir

Abbas et Smail sont deux jeunes diplômés parmi ces milliers d’autres jeunes marocains pour lesquels, le rêve de cet eldorado lointain, de cette mine de devises étrangère inépuisable, reste l’ultime voire même l’unique corde de cette harpe d’espoirs sur laquelle tout chômeur vient composer la plus délicate de ses mélodies : la mélodie du travail.
Abbas et Smail avaient pourtant eu le droit de rêver éveillés, les yeux ouverts sur un rêve qui enfin leur paraissait réalisable ainsi qu’à ces milliers de leurs concitoyens qui aujourd’hui n’attendent que le départ vers cet eldorado du Golfe arabique; le rêve des Emirats; ce rêve qui hélas commence à se faire longuement attendre et cette longue attente qui ouvre les portes d’un doute qui vient confondre et troubler ce délicieux rêve … Abbas et Smail ne purent cacher le désarroi et l’amertume de cette longue attente; leurs furtifs regards reflétait déjà cette évasion vers le nulle part, leur sourire qu’ils s’efforçaient de donner avec plus d’attrait dévoilait tout de même leur confusion; ils ne savaient plus à qui s’adresser et en qui croire.
Que faire après le 15 août ? «Nous ne voulions jamais entendre la question d’arnaque même si tout porte à conclure que s’en est une grosse arnaque. J’ai 34 ans , cela fait plus de 10 ans que j’ai obtenu ma licence en physique et que depuis je n’ai jamais cesser de passer concours après concours. 10 ans de chômage, de misère et de problèmes et aujourd’hui, j’ai cru que mon problème est réglé. Mais si jamais, cela me causerait d’autres problèmes encore plus graves, vraiment je n’arrive pas à imaginer quelle serait ma réaction. Ce qui est sûr, c’est que ça sera catastrophique. J’ai du emprunter 2500 dirhams, que je n’ai toujours pas remboursé, pour les frais des 3 voyages à Casa ainsi que ceux du test médical qui à lui seul a valut presque la moitié, aussi toute ma famille compte sur moi pour lui apporter mon soutien matériel, ma pauvre mère prie matin et soir les larmes aux yeux, et mes petits frères auxquels je ne cesse de faire de promesses et ma chère cousine que j’aime et à qui j’ai promit de faire nos fiançailles la nuit même avant mon départ .. Tout ça va s’évaporer. Vraiment c’est catastrophique», affirme Abbas.
Dans le même sens, son ami dans ce bateau ajoute, «je pense que ma réaction serait encore plus désastreuse. Je suis orphelin, ni père ni mère, je vis chez mon oncle qui me prend en charge depuis la mort de mes parents et qui me supporte toujours malgré ma trentaine … le pire c’est que c’est lui qui m’a fournit l’argent nécessaire pour les frais de ces problèmes. On était tranquille dans notre monde de chômage. On était convaincu qu’il n’y a plus de travail. Mais maintenant ce sont eux qui nous ont poussé à s’inscrire. Il faut qu’ils assument leurs responsabilités… Dans quinze jours on va voir».

• Abderrahim El Yacoubi
Correspondance régionale

Related Articles

ActualitéCouvertureUne

L’hélicoptère Apache, future force de frappe en Mer ?

«« L’hélicoptère Apache, en particulier ce modèle, apporte un armement avancé en...

CouvertureEconomieUne

Hydrogène vert : l’axe Agadir-Dakhla rafle la mise

Les détails d’un baromètre concernant les projets annoncés jusqu’à ce mois de...

ActualitéCouvertureUne

Droit de grève : la cour constitutionnelle valide la loi organique

Législation. Le verdict de la Cour constitutionnelle est tombé au sujet de...

CouvertureEconomieUne

Valeur du dirham : le Maroc compte s’ouvrir à d’autres devises

La cotation de la monnaie nationale se réfère actuellement à un panier...