Couverture

De la puissance de l’Etat

ALM : La démocratie marocaine devra-t-elle nécessairement être bâtie sur l’affaiblissement de l’Etat et de ses institutions ?
Nasser Bouazza : Non. Nul pays ne peut survivre en démocratie à des institutions faibles. Toute démocratie repose par définition sur des structures et des institutions fortes. Le vecteur fondamental d’une démocratie réside dans le respect scrupuleux des lois et du droit par toutes les composantes de la société. J’ajouterai que sans un Etat fort, la démocratie n’est qu’un voeux pieux. Un Etat démocratique se fond sur l’égalité des citoyens devant la loi et il ne faut pas confondre force et abus.
Que voulez-vous dire par « il ne faut pas confondre entre «force et abus» ?
Le Maroc vit actuellement une transition démocratique. Le socle de cette démocratie a été déjà posé par feu Hassan II. Mais cette démocratie manquait de substance. La justice n’est pas toute à fait indépendante. Et l’Etat était largement interventionniste. Le Roi Mohamed VI est arrivé avec la ferme intention de s’attaquer à toutes ces anomalies afin d’établir un véritable Etat démocratique. Et c’est justement l’élargissement des libertés publiques qui donne aujourd’hui l’impression à certains que nos institutions s’affaiblissent. Or c’est bien le contraire qui se passe. Jamais l’Etat et ses institutions n’ont été aussi fortes qu’aujourd’hui. L’Etat fait preuve d’une transparence remarquable et il est face à une presse réellement libre. Mais le souci de l’image de marque démocratique du pays à l’étranger profite à une catégorie de presse qui se permet par l’occasion à des débordements. Les raisons qui expliquent cette situation sont multiples. Du temps de Feu Hassan II, il y avait une forte opposition. Aujourd’hui le terrain semble vide. Un vide que seule la presse remplie.
D’autre part, il ne faut pas non plus oublier que le Maroc souffre encore d’un retard considérable sur le plan socio-économique. Le développement de cet aspect est nécessaire pour consolider toute démocratie. Ajouté à cela que l’ancrage des notions des libertés publiques et des valeurs démocratiques prendra beaucoup de temps.
Qu’est ce qu’il faut donc pour préserver l’équilibre entre liberté et démocratie ?
Au Maroc, nous avons une devise qui s’impose à tout le monde : Dieu, patrie et Roi. Ce sont là nos limites. D’autre part, la liberté de tout individu ou collectivité s’arrête là où commence la liberté des autres. Et le seul moyen de faire respecter ces libertés réside dans l’application stricte et rigoureuse de la loi. Ça concerne tout le monde, y compris cette presse qui dépasse les limites et qui met en danger la continuité étatique et la démocratie. C’est pour cela que je pense que l’Etat doit réagir énergiquement pour préserver les droits et les libertés des citoyens et des institutions lésés et abusée. La justice doit également réagir pour faire appliquer la loi. Et il faut arrêter de laisser allez sous prétexte de l’image de marque démocratique du pays à l’étranger. Il y va de l’avenir même de la démocratie dans notre pays. Car un Etat et des institutions faibles fragilisent la marche de la démocratie et accentuent les risques de l’anarchie.

Related Articles

ActualitéCouvertureUne

Sahara : Les USA vont concrétiser la vision du Président Trump et de SM le Roi

Le conseiller spécial pour l’Afrique du président des Etats-Unis, Massad Boulos, insiste...

ActualitéCouvertureUne

Comment les FAR révolutionnent l’employabilité des jeunes

«Les appelés ont droit à des indemnités exonérées d’impôts en plus de...

ActualitéCouvertureUne

Sahara marocain : un soutien international fort

L’Europe de l’Est et du Nord, sans oublier l’Amérique centrale

CouvertureEconomieUne

Gestion du contentieux : l’Etat se dote d’un réseau de coordination

Signature d’une charte à l’occasion des Assises nationales organisées par le ministère...

Lire votre journal

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus