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De nouveaux trains pour 1,5 milliard de dollars

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Hyundai Rotem annonce avoir remporté un marché lancé par l’ONCF pour fournir de nouveaux trains d’une valeur d’environ 2,2 billions de wons, soit 1,54 milliard de dollars. C’est le plus grand contrat de l’histoire de l’opérateur coréen. Les détails.

Nouvelle percée de l’industrie corréenne au Maroc. Les efforts du groupe coréen Hyundai Rotem ainsi que des responsables publics de ce pays asiatique au cours des derniers mois ont été concluants avec à la clé un contrat de 1,54 milliard de dollars auprès de l’ONCF. Dans les détails, Hyundai Rotem annonce à la presse locale son projet de fournir à l’Office national des chemins de fer marocain un train électrique à deux étages pour 2,2 billions de wons (1,5 milliard de dollars). Il s’agit là de la plus grande commande pour le fabricant coréen qui va fournir au Maroc un nombre non encore spécifié de trains jusqu’au 25 janvier 2034. Selon le journal local Korea JoongAng Daily, un accord séparé sera conclu concernant la maintenance et la réparation des trains impliquant Hyundai Rotem et la société publique Korea Railroad Corporation (Korail). La même source précise que le train à deux étages respectueux de l’environnement peut circuler à 160 kilomètres par heure pour relier les principales villes du Maroc à Casablanca. Hyundai Rotem compte fabriquer une partie des trains au Maroc qui se prépare pour l’organisation de la Coupe du monde 2030. « La capacité de Hyundai Rotem à exploiter et à gérer de manière stable le projet ainsi que sa collaboration avec Korail pour effectuer la maintenance et les réparations par la suite ont été bien perçues », a déclaré un porte-parole de l’entreprise coréenne au Korea JoongAng Daily. « C’était un match serré jusqu’à la fin car il s’agissait d’un accord de taille».
Il faut dire que le soutien des autorités coréennes à Hyundai a été d’une grande valeur. En septembre 2024, une réunion de travail a eu lieu au siège du ministère du transport à Rabat avec Yeonjean Yoon, ambassadeur de la République de Corée du Sud au Royaume du Maroc, qui a été accompagné par une délégation de haut niveau de son pays. A cette occasion, le responsable coréen a exprimé la volonté de son pays de participer à la mise en œuvre des projets ferroviaires du Maroc et d’apporter le savoir-faire et l’expertise coréens dans ce domaine. Les deux parties ont également échangé autour du processus d’homologation des véhicules coréens de transport public urbain. A cet effet, le ministère s’est engagé à accélérer et faciliter ce processus d’homologation. Il faut préciser qu’en juillet dernier, le ministre de l’industrie et du commerce avait reçu à Casablanca Young-Bae Lee, PDG de Hyundai Rotem. Le ministre coréen du territoire, des infrastructures et des transports, Sangwoo Park, avait également fait le déplacement au Maroc. Séoul a joué la carte de l’expertise coréenne dans les domaines de l’industrie et de l’infrastructure ferroviaires, notamment le transfert de compétences en matière de maintenance et de construction ferroviaires, en plus de la formation des ressources humaines.

La CAF espagnole fournira 40 trains intervilles
Engagement. L’ONCF a annoncé que le marché relatif à l’acquisition de 40 Trains Intervilles a été octroyé à la société Espagnole Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF), alors que le marché relatif à l’acquisition de 110 Trains RER (Trains Navette Rapides et Métropolitain), a été attribué à la société sud-coréenne Hyundai Rotem. Conformément aux exigences de l’ONCF, les marchés octroyés sont assortis d’engagements de compensation industrielle avec le développement d’activités industrielles au Maroc en accompagnement de l’écosystème industriel ferroviaire national, y compris la mise en place d’une usine locale de fabrication de trains de proximité dans la perspective de développer l’ambition export des trains à moyen et long termes. Par ailleurs, l’ONCF et les constructeurs choisis vont conclure des partenariats de maintenance des trains acquis sur une période pluriannuelle. L’attribution de ces marchés a également été accompagnée par la mobilisation de financements très concessionnels par les partenaires des pays d’origine, couvrant l’intégralité du montant des marchés. L’engagement de l’ONCF et de ses partenaires retenus permet d’entrevoir de belles perspectives de développement industriel, tout en confortant la place du ferroviaire comme épine dorsale de la mobilité durable, permettant ainsi de contribuer à la réussite de la co-organisation de la Coupe du monde 2030 par le Royaume avec l’Espagne et le Portugal.

Lots
Il faut préciser que l’Office national des chemins de fer avait décomposé le marché pour l’acquisition de nouvelles rames en deux lots. Le premier lot concerne l’acquisition de 18 rames grande vitesse (RGV) ainsi que 40 rames intervilles. Ce premier lot est estimé à 8,3 milliards de dirhams. Pour rappel, la visite d’Etat du président de la République française Emmanuel Macron au Maroc, sur invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avait été marquée par la signature des accords majeurs pour renforcer la coopération stratégique entre le Royaume du Maroc et la République française, notamment dans le secteur ferroviaire.
Il s’agissait notamment d’un contrat d’acquisition de 18 trains à grande vitesse (Alstom), attribué à la suite d’un appel d’offres international, incluant la maintenance et un important volet de compensation industrielle. Il restait donc l’attribution des marchés portant sur les 40 rames intervilles dans le premier lot ainsi que les rames RER (Réseau express régional) avec une commande de 60 Trains navettes rapides et 50 trains métropolitains dans le deuxième lot prévue par le marché lancé par le Maroc. Le marché lancé par l’ONCF prévoyait en plus de l’acquisition d’un nouveau matériel ferroviaire, un transfert de la technologie dans le cadre du futur projet industriel. Dans ce sens, il était question de prévoir un projet de transfert technologique des activités et opérations à l’issue de la fourniture et réalisation de rames à l’ONCF. Les entreprises soumissionnaires devaient fournir ainsi une projection détaillée d’engagement pour la localisation pendant les principales phases du projet, tenant compte de l’ensemble des tâches pour le projet de réalisation des trains au Maroc. Le planning devait comporter également le montage et démarrage du projet industriel, la maîtrise d’ouvrage, construction et installation du site, le début du transfert technologique, assemblage sur site, la fabrication et maintenance, les 1ères livraisons fournisseurs des composants sous contrat local, la montée en cadence usine, la montée en cadence fournisseurs ainsi que l’export de trains, sous-systèmes et composants. Les soumissionnaires au marché de l’ONCF avaient l’obligation de définir les capabilités métiers qui seront transférées dans le cadre du projet, précisant le niveau d’intégration et s’appuyant sur la cartographie ONCF des capabilités attendues et justificatifs correspondants. Au-delà du taux d’intégration industrielle, la contribution à l’export de l’écosystème ferroviaire constitué par les sous-traitants installés est considérée comme cruciale au développement local du réseau de sous-traitance. A noter que dans le cadre de la 3ème édition de Rail Industry Summit qui avait été organisée fin 2024 à l’Office des foires et des expositions de Casablanca (OFEC), le directeur général de l’ONCF, Mohamed Rabie Khlie, avait indiqué : «L’ONCF poursuit inlassablement le développement de son réseau ferré en entamant un nouveau cycle par la réalisation de projets d’envergure. Le lancement d’une vaste opération inédite d’acquisition de plus d’une centaine de nouveaux trains s’inscrit dans cette optique. Elle vise à répondre aux besoins actuels et futurs en termes de mobilité, d’accompagnement des nouveaux projets structurants de l’ONCF et le renouvellement de toute la flotte».

C’est le titre de la boite
Accord commercial
Coopération. Le dynamisme de l’économie marocaine et son carnet de commandes ont poussé les responsables coréens à courtiser le Royaume pour l’établissement d’un accord commercial. Dans ce sens, les deux parties sont sur le point de passer à la vitesse supérieure pour le renforcement de leurs relations économiques. Côté marocain, les responsables marocains s’apprêtent à lancer d’une étude d’impact d’un potentiel accord commercial avec la Corée du Sud en perspective du démarrage des négociations entre les deux parties en 2025. Il faut dire que la balance commerciale entre les deux pays est déséquilibrée en faveur de la Corée depuis plusieurs années d’ailleurs. C’est la raison pour laquelle les responsables marocains préfèrent évaluer l’impact d’un tel accord. En attendant, le rythme des visites des responsables des deux parties n’a jamais été aussi élevé au cours des dernières décennies. Les ministres et patrons coréens ont fait le déplacement au Maroc au cours des derniers mois. Il y a quelques mois une délégation officielle marocaine s’est également rendue en Corée. Un roadshow effectué au Japon et en Corée a connu la participation du ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, Karim Zidane. Le ministre a ainsi appelé, à Séoul, les entreprises coréennes à tirer parti des nombreuses opportunités d’investissement offertes par le Maroc, notamment dans des secteurs stratégiques tels que l’aéronautique, l’automobile et l’électronique.

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