Le projet de réforme de l’audiovisuel doit atterrir aujourd’hui devant la commission ministérielle compétente en la matière. Un projet attendu depuis des années et qui a été, à plusieurs reprises reporté.
Aujourd’hui et alors que l’on se penche sérieusement sur ce sujet, il y a lieu de se demander sur le pourquoi d’une telle démarche, voire son timing…
Il est à rappeler d’abord que depuis l’avènement du gouvernement de Me Abderrahmane Youssoufi, la réforme du paysage audiovisuel était sur toutes les lèvres. On s’attendait à ce que le projet aboutisse le plus rapidement possible. En optant pour une réflexion mure et bien réfléchie, le gouvernement a pris le temps qu’il faut pour élaborer un texte qui doit répondre aux attentes des acteurs du paysage et à la population de plus en plus tournée vers les chaînes internationales. Le satellite fonctionne à plein régime.
Depuis un certain temps, surtout après le départ de Driss Basri du ministère de l’Intérieur, les réaménagements à l’intérieur des départements de la communication ont commencé. Si le changement à la tête de la MAP n’a pas trop focalisé l’attention, étant donné que l’agence traite plutôt avec les médias qu’avec l’ensemble des citoyens, de manière directe, le limogeage de Larbi Belarbi de son poste de directeur général de la deuxième chaîne (2M) et son remplacement par Noureddine Sail, et puis la nomination de Faiçal Laâriachi à la tête de la télévision marocaine ont été suivis et commentés de très près. Les deux chaînes de télé, les seules au Maroc, monopolisent, de fait, le paysage.
Le commun des citoyens s’attendait à des produits meilleurs, les deux chaînes ont pour vocation d’améliorer leur audimat et donc d’être plus rentables. Mais il y avait ce hic. Celui de la loi, qui concerne l’ensemble du paysage médiatique marocain (PAM). Parce qu’en fait, il y a lieu de poser les véritables questions afférentes à une telle réforme. Il ne s’agit pas d’élaborer un texte en dehors des enjeux internationaux, en dehors de la libéralisation du paysage médiatique mondial. Et sans prendre en compte l’évolution de la société marocaine, des exigences économiques du secteur, du statut de ses acteurs et plus généralement de l’évolution des mentalités.
Le législateur devait prendre aussi en compte un fait essentiel : fini le temps où la circulation de l’information supposait une quelconque autorisation. Fini le temps aussi où les émissions sur des chaînes étrangères ne pouvaient être vues. Ce chamboulement au niveau de la notion même des frontières a induit de facto de nouvelles dispositions pour se mettre à niveau sur le plan de la production télé et à se préparer davantage à la libéralisation du champ audiovisuel…Ce volet-là suppose un arsenal juridique conséquent. Il suppose une charte et un plan de réforme adéquat.
L’ancien ministre de la Communication, un journaliste affirmé, Mohamed Larbi Messari a préparé le terrain. Il a préparé une réforme du paysage médiatique dans son intégralité. Un véritable code. Son départ a quelque peu retardé la mise en chantier de ce chantier et Mohamed Achâari a hérité d’un dossier tout aussi brûlant parce que tout simplement exposé au champ public. L’aboutissement raisonnable de ce projet permettra au paysage audiovisuel marocain de secouer ses archaïsmes et de prendre réellement son élan. De faire face à la concurrence et de rivaliser avec le reste du monde. Les moyens peuvent être mis à la disposition des divers acteurs. Les professionnels feront alors dignement et honnêtement leur boulot. Au service d’une cause. Celle du droit à l’information, en tenant compte de la diversité des sensibilités et des spécificités qui constituent la société marocaine.