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Derhem, Noueigued et le Polisario

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A l’instar du pouvoir politique, le pouvoir économique est-il en train de se remodeler en Mauritanie?  Le groupe mauritanien AON,  propriétaire de la Banque nationale de Mauritanie (BNM), détenteur de 15% du capital d’Air Mauritanie, actionnaire de Mauritel,  filiale d’Itissalat Maghrib à hauteur de 16%, est au centre d’une polémique.
A l’origine, plusieurs informations distillées aux organes de presse marocains et mauritaniens,  faisant état de flirts entre l’homme d’affaires de la tribu Smassides et les séparatistes de la RASD. Le démenti de Hassan Derhem, accusé dans la même lettre d’avoir «facilité» les transactions, est formel : «il n’y a eu ni négociations ni transactions avec le Polisario!». L’homme d’affaires marocain est persuadé par ailleurs que le groupe mauritanien AON ne signera jamais avec les séparatistes de Tindouf.
Une  telle information, au timing précis, vu le contexte en cours en Mauritanie, doublé de son caractère politique,  visant sans doute à exciter le patriotisme marocain, est-elle juste l’œuvre d’un plaisantin, d’un jaloux? Contacté depuis Nouakchott, Mohamed Ould Noueigued, n’a voulu rien en dire, mais a promis qu’il répondra à notre article intitulé «Qui en veut au tandem Derhem-Noueguid ?», paru dans notre édition du vendredi 9 septembre.
Dans l’entretien téléphonique qu’il nous a accordé, Hassan Derhem a brossé aussi l’état des relations tendues avec le groupe AON, lequel n’aurait pas respecté ses engagements aussi bien dans l’achat de bateaux chinois, dans l’usine à Dakhla que dans la société de distribution pétrolière SMP Atlas.
Devant le non respect par le groupe AON des engagements pris, M. Derhem affirme avoir restitué les licences de pêche octroyées par le Maroc au Premier ministre, il y a deux ans, en présence des membres de la Commission nationale de la pêche.
«Des affirmations hâtives !», selon une source proche du management du  groupe mauritanien AON: «les licences octroyées l’ont été au profit de la société instituée à cet effet et non à M. Derhem », explique ce haut cadre du groupe qui s’exprime sous couvert de l’anonymat.
Fin connaisseur de l’état des intérêts du groupe AON au Maroc, l’homme déclare que Mohamed Ould Noueigued n’a jamais traité avec les séparatistes du Polisario. «Nous n’avons jamais eu de contacts avec ce groupe», déclare-t-il. «Notre objectif était, dès le départ, d’œuvrer à la consolidation des rapports entre les deux pays, la Mauritanie et le Maroc, et de rapprocher les deux peuples. Bien sûr comme tout investisseur, nous cherchons le profit économique !».  Et d’ajouter : «nous avons trouvé le terrain propice au Maroc. D’où notre décision de mettre en place l’usine de Dakhla. L’unité marche bien comme vous pouvez le vérifier sur le terrain».
Pourquoi donc tant de retards enregistrés dans l’exploitation des licences ?Le groupe AON l’explique par le temps pris dans la promulgation du  nouveau plan d’aménagement de la pêcherie au Maroc. Quant aux relations avec l’homme d’affaires marocain, Hassan Derhem, elles sont normales. «Nous n’avons pas de problèmes avec Hassan Derhem», déclare le haut cadre, qui rappelle les relations séculaires entre les deux familles.
Ces relations séculaires sont aujourd’hui mises à rude épreuve par des histoires d’argent. Le groupe AON s’était engagé auprès d’une société chinoise pour l’achat de quatre bateaux.
Concernant ce problème, Derhem déclare que les Mauritaniens n’ont pas tenu leurs engagements.  La source proche de la direction d’AON impute plutôt la suspension de la transaction à la société chinoise en question, Shandong Group, associée à M. Derhem (ce que l’intéressé nie).
«Nous avons avancé 50% de la valeur des quatre bateaux neufs que nous voulions acheter. Deux mois après l’accord, les Chinois nous informent à notre grande surprise que les bateaux n’avaient pas l’assurance de conformité délivrée par Bureau Véritas. A la justice de trancher!».
Autre litige en vue, la société SMP-Atlas, aujourd’hui détentrice de 30% des parts du marché mauritanien de la distribution des produits pétroliers.  «Derhem n’a jamais voulu prendre de risques en s’associant avec SMP-Atlas». Ce que dément le Marocain, qui rappelle que SMP-Atlas exploite ses activités en utilisant abusivement son nom.
Bref, ces rapports conflictuels ne résolvent en rien l’énigme du corbeau: «qui en veut au tandem Derhem-Ould Noueguid?». D’aucuns y ont vu le fruit de rivalités mauritanio-mauritaniennes, un règlement de compte entre hommes d’affaires et où le Marocain Hassan Derhem y a été mêlé en même temps que son pays.
D’après Mauritanie CTU, une publication électronique sur le pays, l’information provient d’une société européenne qui vise le groupe AON. L’entreprise en question serait en concurrence avec une société canadienne, partenaire de AON.  Dans le monde des affaires, les règlements de compte sont fréquents surtout dans un contexte où les interrogations se multiplient en Mauritanie sur de possibles remodelages du champ économique.

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