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Dr Mohamed Naciri Bennani : Nous ne voulons pas participer à une mascarade

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ALM : Pourquoi avez-vous décidé de boycotter la 2ème conférence nationale sur la santé ?

Dr Mohamed Naciri Bennani : Nous avons refusé de participer aux Assises pour deux raisons essentielles. La première porte sur la forme. Le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, nous a adressé une invitation en langue étrangère, ce qui va à l’encontre de la Constitution. Nous avons alors envoyé une lettre au ministre pour lui faire part de notre mécontentement en l’appelant à respecter les dispositions de la nouvelle Constitution. L’autre raison a trait au fond. Le ministre de la santé a préparé ces Assises avec la collaboration des organismes étrangers, à savoir la Banque mondiale sans se concerter avec les professionnels de la Santé. Ce n’est que le 6 juin que j’ai été contacté par des conseillers de la Banque mondiale qui m’ont appris que des Assises allaient avoir lieu et qu’un rapport préliminaire avait été élaboré par cet organisme international à la demande du ministère de la santé. Nous déplorons l’absence de discussions entre le ministère de la santé et les professionnels au niveau des choix et du contenu des thématiques. Nous ne sommes pas des figurants qui ont été invités pour applaudir des recommandations qui ont déjà été établies. Nous ne voulons pas participer à une mascarade. Le ministre de la santé doit avoir un minimum de respect pour les citoyens marocains.

Que reprochez-vous au gouvernement?

Le gouvernement veut se débarrasser d’un secteur qui va très mal. Les indicateurs de la santé au Maroc sont les pires de la région Mena.
Prenons pour exemple la mortalité maternelle. Elle est actuellement de 112 décès pour 100.000 naissances vivantes alors qu’en Palestine, elle n’est que de 28 décès pour 100.000 naissances vivantes. La mortalité infantile est de 33 décès pour 1.000 naissances vivantes contre seulement 21 décès pour 1.000 naissances vivantes en Palestine et de 10 pour le Liban.

Pour ce qui est du personnel de santé, les statistiques sont alarmantes. Au Maroc, il faut compter 1 médecin pour 1.650 habitants alors que la Palestine compte 1 médecin pour 480 habitants. Il faut aussi relever que le nombre de médecins dans notre pays est en nette diminution. En 2008, le Royaume comptait 8.400 médecins contre 7.900 en 2012, soit 500 médecins en moins. S’il y a de plus en plus de médecins du privé qui quittent le Royaume, cela s’explique en grande partie par les droits sociaux qui leur sont assurés (sécurité sociale, retraite…). Cette hémorragie du personnel médical affectera profondément notre système de santé.

Pourquoi en est-on arrivé à cette situation ?

A chaque fois, on impute la faute au personnel de santé. Si on est arrivé là c’est parce que les précédents gouvernements et l’actuel ont toujours mené un travail bureaucratique en marginalisant les premiers concernés, à savoir les professionnels du secteur.

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