C’est à Aït Ouahi, dans la province de Khémisset, que verra le jour celui qui allait devenir le pilote d’une grande expérience, l’IER, donnée et conseillée aujourd’hui comme exemple à suivre pour les pays en transition démocratique.
Driss Benzekri fera partie de ces milliers de Marocains à payer pour leurs idées, dans la fleur de l’âge. Militant convaincu d’«Ila Al Amam », son appartenance au mouvement d’Abraham Serfati lui coûtera dix-sept ans de prison. De longues années où il aura été également question pour l’actuel président de l’IER d’assiduité dans ses études préparant un avenir académique des plus brillants. Car, si ce dernier est plus connu comme militant des droits de l’Homme, le commun des mortels ignore que l’homme est doublé d’un fin linguiste à qui l’on doit de très sérieuses études sur la langue et la culture amazighes. La phonologie et la syntaxe de la langue des Imazighen n’a presque pas de secrets pour lui. De solides connaissances couronnées par des études à l’Université Aix-Marseille avant d’entamer un nouveau revirement sanctionné par un magistère en droit international de l’université d’Essex en Grande-Bretagne.
Fort de ce parcours, il renforce sa renommé par multiples travaux de terrain et dont une recherche sur le processus de création du tribunal pénal international (TPI) comme il prend partie aux activités du groupe de travail onusien sur les disparitions forcées.
Travailleur acharné et le débit faible, Driss Benzekri est capable d’entretenir son interlocuteur, des jours durant, sur l’expérience du Chili ou de l’Afrique du Sud en matière de justice transitionnelle.
Membre fondateur et ancien responsable de plusieurs ONGs (OMDH, FVJ, Amnesty Maroc, Espace Associatif…), la date du 7 janvier 2004 restera gravée dans la mémoire de Driss Benzekri comme dans celle de millions de Marocains.
Ce jour-là, à Agadir, le militant est nommé par Sa Majesté le Roi président de l’Instance Equité et Réconciliation qui retrouve de vieilles connaissances dont Salah El Ouadie. Le discours prononcé à la même occasion par le Souverain servira de référentiel au travail de l’IER qui dispose encore de quelques semaines pour présenter un premier rapport préliminaire de son activité.
Dans le lot, des résultats d’enquêtes menées un peu partout à travers le Royaume et de délicats dossiers à élucider, fruit de longs mois de labeur avec les 16 autres membres de l’IER et une pléiade de collaborateurs.
Loin semble être le jour où Kassem El Ghazoui a été l’« intercepter » à sa sortie de prison. Benzekri garde la tête haute. Sur les épaules.