"Désormais, dans tous les établissements scolaires publics, les élèves devront saluer, chaque matin, les couleurs du drapeau marocain en chantant l’hymne national". C’est l’une des principales mesures engagées par le ministère de tutelle pour cette rentrée scolaire et universitaire 2005-2006.
A cette occasion, le ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, Habib El Mali a organisé mercredi à Rabat une conférence de presse.
Pour le ministre, revenir à ce rituel désormais obligatoire, répond à des besoins en éducation des enfants dans les domaines de la citoyenneté et du civisme. A ce sujet, il a rappelé les actions entreprises par les différents groupes de travail de la Commission centrale des droits humains et de la citoyenneté (CCDHC).
En fait, il semble que le ministère de l’Education nationale a l’intention d’inscrire cette année scolaire sous le signe de la fermeté. Et pour cause, Habib El Malki s’est sévèrement attaqué au phénomène des heures supplémentaires qui sévit dans nos écoles, et ce depuis plusieurs années. "Il est vraiment honteux et indigne d’un membre de la famille de l’enseignement de s’adonner à un commerce du savoir. C’est pour cette raison que le ministère a décidé, cette année, de sévir et de sanctionner sévèrement, et sans aucun appel, tous les enseignants qui assurent des heures supplémentaires", a lancé Habib El Malki aux journalistes dont certains n’ont pas caché leur incrédulité. En fait, cette guerre s’avère d’ores et déjà extrêmement pénible. Car le phénomène des heures supplémentaires est largement répandu au Maroc. Les enseignants se bousculent dès la rentrée scolaire, pour des raisons économiques évidentes, dans les domiciles et dans les établissements privés. Dans certains cas, ces cours de rattrapage sont imposés aux parents d’élèves. Résultat : le rendement de ces enseignants baisse énormément dans les classes, ce qui contraint les parents à se rabattre sur les heures supplémentaires. En somme, Habib El Malki semble vouloir sérieusement éradiquer ce phénomène, au même titre que l’absentéisme. En clair, le laxisme pour ne pas dire la complicité des directeurs à l’égard de l’absentéisme des instituteurs et des enseignants, ne sera plus toléré.
A une question sur l’application de l’horaire continu dans les établissements scolaires, Habib El Malki a estimé que "le temps pédagogique est totalement différent du temps administratif". Et d’ajouter "l’horaire continu est très contraignant pour les enfants, l’appliquer aux élèves aura inéluctablement de graves répercussions sur leur santé". En clair, Habib El Malki réitère son opposition à l’instauration de l’horaire continu dans les écoles et les universités, mais comme les syndicats sont en plein bras de fer avec le gouvernement sur ce point, le ministre de l’Education n’exclut pas que l’horaire continu soit appliqué en fonction des régions et des niveaux. La porte des négociations reste toujours ouverte. La rencontre avec les représentants des médias nationaux a également été l’occasion d’annoncer les mesures que le ministère compte prendre ainsi que de dévoiler les dernières statistiques sur le nombre d’élèves et d’étudiants inscrits à cette année scolaire et universitaire.
Pour ce qui est de l’enseignement scolaire, tout d’abord, le ministre a annoncé que les taux de scolarisation des différentes tranches d’âge ont connu une nette amélioration cette année. Au total, les établissements scolaires marocains accueilleront un peu moins de 6 millions d’élèves cette année. A titre d’exemple, dans le préscolaire (de 4 à 5 ans), ce taux est de 61% au lieu de 51 % en 2005. Une montée fulgurante est à noter dans la tranche d’âge des 6 ans, passant d’un peu plus de 53,5 % en 2005 à 91 % cette année. En somme, les effectifs des élèves inscrits au primaire et secondaire ont enregistré un accroissement de l’ordre de 3,3 %. Ce résultat a été atteint et sera renforcé grâce à une batterie de mesures d’encouragement de scolarisation des enfants, essentiellement celle des filles.
Les nouveautés saillantes de cette rentrée scolaire sont nombreuses. Le ministère mettra en œuvre les nouveaux curricula pour la sixième année primaire et la troisième année collégiale. Avec ces deux niveaux, il aura achevé l’implantation des curricula de l’ensemble des cycles primaire et secondaire collégial. Pour ce qui est de l’enseignement technique, il lui sera consacré un tronc commun spécifique au sein de l’enseignement secondaire qualifiant.
De nouvelles matières seront introduites, il s’agit notamment de la généralisation de l’informatique et de la philosophie à l’ensemble des troncs communs, de l’intégration des sciences de l’ingénieur dans le tronc commun technologique, de la documentation dans les troncs communs des lettres, la culture artistique qui couronne les apprentissages réalisés dans le primaire et le collégial dans le domaine des arts plastiques et de la musique.
Dans le secteur de l’enseignement supérieur, l’effectif des bacheliers s’étant accru de 8,4%, atteignant les 98.720, le nombre total des étudiants de l’enseignement post-baccalauréat dépasserait cette année ainsi les 375.000 étudiants, dont 300.000 dans l’enseignement supérieur universitaire.
Cette année universitaire connaîtra la sortie de la première promotion de la licence (système LMD) ainsi que le démarrage des filières de Licence professionnelle (LP) dans plusieurs établissements universitaires. Sur ce dernier point, notons que dans la faculté de Rabat-Agdal, deux filières LP, c’est-à-dire trois ans après le Bac, sont prévues : la communication professionnelle et les métiers du livre.