L’Istiqlal ne cache pas ses ambitions. Réaliser un bon score à l’occasion des élections communales du 12 septembre. Un score qui soit à la hauteur de l’idée qu’il se fait de son poids dans le paysage politique national. Le plus vieux parti du Maroc qui se soucie de tenir son rang dans le domaine électoral en particulier s’arrange toujours pour s’imposer parmi les premières grandes forces politiques du pays. Une belle performance n’a pas son pareil pour tenter de faire oublier les errements et de redorer son image auprès de l’opinion en la présentant comme une marque de confiance dans le parti et un signe de bonne santé de ses instances. Secrétaire général de l’Istiqlal depuis février 1998 , Abbas El Fassi pense dur comme fer que le parti va réaliser un raz-de-marée lors du scrutin communal tout comme il était convaincu que la primature allait lui revenir comme le couronnement d’une carrière remplie à ses yeux de militance et d’engagement. Ambition contrariée. Destin détourné. Puisque le poste de Premier ministre sera confié in extremis à Driss Jettou dans un gouvernement où lui, Abbas El Fassi, a été ravalé au rang de ministre d’État sans portefeuille après avoir été ministre de l’Emploi dans le précédent. Même s’il ne l’avoue pas, l’intéressé a dû vivre ce coup du sort comme une injustice. Cela dit, l’Istiqlal a pour lui d’être une formation structurée où la discipline a été rarement démentie. Les Istiqlaliens, ce qui est rare chez les autres formations politiques, ont la réputation de ne pas se tirer dans les pattes et de laver leur linge sale en interne . Rarement quand les conflits de personnes transpirent. Cette culture procède de la (haute) idée que les membres de ce parti se font de ce dernier et de l’image d’union qu’ils tiennent à donner de lui auprès de la “concurrence“. Toutefois, cette conscience plus ou moins aiguë que les istiqlaliens ont de leurs intérêts n’a pas toujours été accompagnée d’une grande visibilité politique en termes de cohérence, notamment dans le discours et des alliances. Si le parti a fondé son existence sur l’islam, le patriotisme et l’égalitarisme, force est de constater que la politique du parti sur le terrain a rarement coïncidé avec les valeurs affichées. De l’avis de tous, l’arabisation de l’enseignement à partir de 1983 est un beau fiasco sauf pour ses initiateurs, lesquels continuent à ne pas assumer cet échec patent. La même absence de cohérence, on la retrouve dans les alliances du parti. L’Istiqlal flirte secrètement avec le MUR du PJD et en même temps il se réclame de l’esprit unitaire de la Koutla. Pour un grand parti qui nourrit d’énormes ambitions pour le Maroc, la clarté des choix et des positions ne doit pas être prise en défaut. Cette ambiguïté provient, selon les observateurs, du positionnement que s’est donné le parti. Celui de parti qui ne conçoit son existence que dans les allées du pouvoir et jamais dans l’opposition. Et pourtant, l’Istiqlal, parti nationaliste, a vocation d’être une formation locomotive d’un pôle de droite qui reste bien sûr à créer. C’est d’autant plus possible que l’Istiqlal peut s’appuyer sur sa légitimité historique et son poids politique pour procéder aux remises en cause salutaires qui révolutionnent l’histoire d’un pays.