Des Marocains de confession musulmane qui quittent leur religion pour le christianisme n’est pas une chimère. C’est une réalité qui se confirme de jour en jour dans l’indifférence des autorités concernées. Les convertis ont désormais même des sites sur Internet où ils racontent le plus normalement du monde les “bienfaits spirituels“ de leur nouvelle foi qu’ils vivent dans la clandestinité.
Cette poussée évangéliste sans précédent sur le Maroc prend de plus en plus d’ampleur avec l’offensive discrète mais forte des missionnaires venus surtout de l’Amérique de George W. Bush et certainement d’autres pays occidentaux. Or, le débat sur cette affaire n’a pas eu malheureusement lieu alors que la presse s’en est faite largement l’écho. Suite à une question de députés istiqlaliens et PJD à ce sujet, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Taoufik, a livré, le 11 mai, sa réponse devant le Parlement. Mais il a éludé le problème de manière un peu grossière, arguant que ses services n’ont reçu aucune demande d’un quelconque milieu évangéliste désireux de convertir les Marocains ! Selon le raisonnement du ministre, du moment qu’il n’y a pas eu de démarche officielle dans ce sens, le phénomène n’existe pas. Mais depuis quand l’évangélisation a besoin d’une autorisation formelle !
Certes, on a depuis des années régulièrement entendu des histoires de Marocains qui embrassent la religion de Jésus pour des raisons surtout économiques en ce sens où la conversion leur permet, soit par la possibilité d’émigrer ou de toucher de l’argent, d’améliorer leur situation personnelle. Mais cette fois-ci, il semble que les candidats se recrutent dans des milieux aisés qui justifient leur acte par la liberté de croyance religieuse. Cette nouvelle donne pose une question de fond.
Celle qui se rapporte directement à la foi musulmane et de sa perception actuelle par une certaine jeunesse dans un monde où l’Islam en tant que religion tolérante et pacifique est très chahuté par un islamisme politique et violent de plus en plus ravageur. Et puis, l’amalgame entre Islam et islamisme, savamment entretenu par les médias de masse étrangers, fait le reste. À celà, il importe d’ajouter la crise qui frappe une société marocaine en mal de repères.
C’est dans ce contexte trouble et confus, où le croyant se trouve en train de douter de sa foi originelle, qu’il convient peut-être d’appréhender l’action évangéliste pas seulement au Maroc mais aussi en Algérie et probablement dans d’autres terres d’Islam. Le danger est réel. Faut-il pour autant croiser les bras devant ce phénomène soit en minimisant sa portée soit en se persuadant qu’il s’agit d’un truc de mode ? Le ministère marocain de tutelle a obligation de ne pas adopter la politique de l’autruche. Il est de son devoir d’objectiver le problème, d’en cerner l’ampleur et de préparer un plan de riposte pour contrecarrer ce qui ressemble à une véritable attaque contre l’Islam.