Les Assises du tourisme, qui ont eu lieu à Marrakech le 11 décembre, ont tenu leurs promesses de l’avis même des professionnels d’habitude peu enclins aux éloges. Ces derniers ont mis à contribution le rendez-vous de la cité ocre pour poser dans un esprit responsable les vrais problèmes et enjeux du secteur en adoptant un langage franc et direct. Le tourisme national, toujours au milieu du gué, gagnerait à prendre en compte les remarques des uns et les revendications des autres.
Car il ne faut pas afficher un optimisme béat là où il convient d’être vigilant. Il ne faut pas s’appuyer trop sur les chiffres, qui du reste ne sont pas du tout, en l’état actuel des flux en direction du Maroc, à la hauteur des potentialités offertes pour dire que le pays aura comme prévu ses 10 millions de touristes en 2010. Au fond, ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
Le défi réel qui se pose au secteur et à ses acteurs, institutionnels et privés, est de faire définitivement du Royaume un pôle touristique de choix avec un label original qui le distinguerait des destinations concurrentes. À trop vendre la même chose, on s’expose à l’usure et partant à la routine et au risque de désaffection. Pour cela, il est nécessaire de faire un travail sérieux sur le produit en étant créatif. C’est la meilleure façon avec juste un effort conséquent dans le domaine de la communication pour que Marrakech, Agadir, Fès et autre Ouarzazate et Tanger s’imposent au Tours operators européens.
Pour le moment, on en est encore à discutailler sur l’instance qui doit gérer le budget de la promotion du secteur. L’avenir du Maroc résidant sans conteste dans la régionalisation, il est opportun qu’il soit confié aux Conseils régionaux du tourisme (CRT) pour que chaque région puisse défendre ses atouts et ses programmes à l’étranger. Ceci n’est pas l’avis du ministre de tutelle qui estime que la promotion doit rester du ressort de l’Office national marocain du tourisme (ONMT). Un avis qui se respecte, sauf que cet office, qui a besoin d’une réforme en profondeur n’ayant jamais abouti, reproduit depuis des lustres les mêmes schémas dans une vision centralisatrice peu productive. La question est de savoir si cet établissement, tel qu’il existe et fonctionne aujourd’hui, sert les objectifs proclamés du secteur.
On parle sans cesse de l’avenir du tourisme marocain, mais on n’a jamais fait le bilan de l’action des délégués de l’ONMT à l’étranger. Ces derniers apportent-ils quelque chose à la nouvelle politique du secteur ? Les a-t-on jamais réunis tous autour d’une même table avec tous les intervenants de la filière pour connaître ce qu’ils pensent de tout cela ? La fonction de représentant de l’ONMT à l’extérieur est, à quelques exceptions près, ce qu’elle a toujours été : un privilège pour certains.
Or, avec le départ de Fethia Bennis de la tête de l’ONMT, le ministère a gagné juste un nouveau directeur qui a pour lui d’être jeune, fringuant et surtout très proche du ministre. Une proximité qui ne rime pas forcément avec efficacité selon nombre de professionnels. Et c’est tout le problème.