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Éditorial : bien traiter les subsahariens

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Le Maroc est de moins en moins un pays de transit pour les immigrés subsahariens. Il est devenu pour eux une terre d’accueil. Voilà qui doit normalement changer tout dans le comportement des autorités envers cette nouvelle réalité. Or, le Royaume n’a pas mis en place les structures idoines pour accueillir un flot continu de plusieurs milliers de candidats au départ chassés par les conflits, la sécheresse et la misère. Ni associations de défense des droits des intéressés, ni centres d’accueil appropriés. Rien. Pas même un discours sur ce phénomène et ses victimes. Résultat : les réflexes restent les mêmes. Le scénario aussi. Les forces de sécurité, police et gendarmerie, continuent de faire la chasse à l’homme et refoulent chaque jour des groupes de clandestins venus d’une Afrique meurtrie et aux abois. Pour montrer la mobilisation des autorités locales, la télévision marocaine avec ses deux chaînes diffuse régulièrement  les images de migrants paumés, filles, garçons et parfois des bébés, débusqués dans les forêts du nord du pays où ils se cachent en attendant de gagner clandestinement Mellilia, Sebta ou traverser le Détroit. Images insoutenables d’êtres humains en proie à une détresse sans limites à qui l’on demande de dire en quelques mots leur calvaire devant les caméras. C’est tout. Les récits sont pathétiques. Déchirants.  Après, on ne sait pas ce qu’il advient d’eux. Mais, généralement, ils sont présentés rapidement devant la justice avant d’être mis dans des autocars pour être refoulés vers Oujda, à la frontière terrestre algéro-marocaine. La plupart font un petit tour puis reviennent. Le cercle vicieux se poursuit.  
Qui défend ces indésirables de troisième type ?  Personne. L’Europe, notamment l’Espagne, fait pression sur le Maroc pour réduire le flot des clandestins désireux de s’installer en terre ibérique. Madrid se félicite même du caractère “exemplaire“ de cette coopération. Mieux, l’Union européenne a même tenté récemment de créer dans le Royaume -une manière de se débarrasser de la patate chaude- des centres d’accueil destinés à abriter ces migrants illégaux avant de les envoyer dans leur pays d’origine. Mais certains pays membres ont refusé ce projet qui sent l’hypocrisie. Ici, personne ne parle de droits de l’Homme ni de respect de la dignité humaine.
Reste que le problème demeure entier pour le Maroc. Certes, les plus débrouillards parmi les Subsahariens sont parvenus à s’installer au Maroc où ils vivent de petits boulots ou en faisant la manche dans les rues des grandes villes.  Si Rabat devait s’occuper des immigrés en question en leur garantissant des droits, il lui faut des moyens colossaux dont elle ne dispose pas. Une chose est sûre : il est urgent de reconsidérer le drame des sans-papiers qui débarquent en masse au Maroc dans l’espoir de rencontrer un avenir meilleur. Il faut une autre politique moins brutale et plus humaine.

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