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Éditorial : Carton rouge

© D.R

Le contrat-programme du football étalé sur une période cinq ans, signé en grande pompe en juin dernier entre le gouvernement, la Fédération et les collectivités locales, a du plomb dans l’aile.  Il semble que les clubs ne veulent pas s’encombrer d’un cahier des charges contraignant pour bénéficier de la subvention promise d’un montant global de 280 millions de Dhs. Au lieu de cela, certains membres fédéraux, issus de l’ancienne école, préfèrent aller droit au but : toucher le chèque lors d’une cérémonie très consensuelle avec photo de famille à la clé et pérorer ensuite devant les caméras sur “cette journée historique qui va révolutionner le visage du football national“. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. 
Quel est simple, pratique et confortable d’empocher des fonds publics sans avoir à rendre compte ! C’est beaucoup mieux en tout cas que de travailler dur pour atteindre les objectifs escomptés et approuvés d’un commun accord : création d’un centre de formation pour les clubs, modernisation des stades en les dotant d’un gazon artificiel, assainissement des comptes comptables dans un souci de transparence et élaboration de contrats en bonne et due forme pour les joueurs. En un mot, professionnaliser la pratique footballistique au Maroc qui souffre depuis longtemps d’un certain nombre de maux et d’insuffisances chroniques à cause notamment du manque des moyens financiers.
Le malaise est tel que le père du projet de mise à niveau du football, Ahmed Ammor, par ailleurs secrétaire général de la fédération, a décidé de se mettre hors-jeu. Exaspéré, il s’est senti poussé à se désengager d’une affaire qui commence à mal tourner et à aiguiser les appétits autour de lui. En coulisses, les responsables du blocage commencent, quant à eux, à affûter leurs arguments : il faut débloquer les fonds et prévoir en même temps une période de transition de quelques années pour appliquer avec succès les termes du contrat-programme. Évidemment, il est hors de question pour le gouvernement de donner un chèque en blanc  tant que ses partenaires dans cette opération n’auront pas respecté leur part du contrat-programme. Un contrat qui devait normalement prendre effet depuis septembre dernier.
Les choses étant ce qu’elles sont, tout porte à croire que cette belle idée est en train de se diriger vers un enterrement de première classe. Devant cette tentative flagrante destinée à dribbler le Premier ministre qui croyait jouer en terrain balisé et clair, il ne reste plus qu’à annuler le match et sortir le carton rouge.
Du côté des pontes de la fédé qui tirent les ficelles, il est certainement plus rentable de rester sur les anciennes pratiques quitte à condamner le football à un sous-développement durable que de s’engager sur un processus de transparence et de bonne gestion. Le foot marocain a décidément mal à ses dirigeants.

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