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Éditorial : Casse-tête agricole

© D.R

Les pays riches arrêteront de subventionner leur secteur agricole en 2013. Ainsi en a décidé les maîtres du sommet de l’OMC qui s’est déroulé à Hong Kong du 13 au 18 décembre. Tant pis pour les pays du Sud, notamment africains dont la majeure partie de la population vit de l’agriculture. Non seulement les produits agricoles des pays sous-développés ou en développement n’accèderont pas aux marchés des nations riches mais ces dernières, les Etats-Unis et l’Europe en tête, continueront à soutenir leurs agriculteurs dont les produits vont en plus poursuivre leur invasion insolente des marchés des États pauvres ! Ce n’est pas de la libéralisation des échanges, c’est du protectionnisme avec en toile de fond la défense des positions dominantes.
Et le Maroc dans tout cela ? On n’a pas entendu sa voix malgré la présence d’une délégation ministérielle et quleques dirigeants de  la CGEM. De la figuration et du tourisme. Or, le Royaume n’est pas mieux loti, lui, dont l’économie dépend en grande partie du secteur agricole avec des produits-phares comme la tomate qui entre depuis des décennies en Europe par un système de quota. Il est vrai que le Maroc est perçu de plus en plus comme un pays qui mise sur les services (off shoring, tourisme) pour asseoir son développement économique, mais aucun discours fort et clair n’est venu pour reformuler ce nouveau virage et lui donner du sens. Une chose est sûre : la vocation agricole nationale, encore très rudimentaire par rapport aux agricultures puissantes et modernes des pays du Nord,  est de moins en moins viable. La quasi-absence d’un relais agricole auprès des centres de décision et de lobbies capables de défendre les intérêts des agriculteurs, grands et petits, renforcent cette réalité. À la lumière de ces données, une question de fond se pose. Celle de la redéfinition de la mission du ministère de l’Agriculture. Faut-il continuer à fonctionner aujourd’hui avec les mêmes méthodes du passé ? Faut-il continuer à produire de la tomate essentiellement composée d’eau alors que cette ressource commence à faire défaut dans nombre de régions agricoles telles que le Souss-Massa ?  Et puis, à quoi rime de cultiver toujours du blé et de le subventionner à travers les minotiers pendant que ce produit, semi-libéralisé, est disponible à des prix très bas sur le marché international ? Idem pour la culture de la betterave tournée vers la production sucrière que le Maroc maintient sous perfusion tandis que le sucre à l’étranger coûte beaucoup moins cher que celui fabriqué par la Cosumar. Cette situation paradoxale induit une pression importante sur les finances de l’État  à un moment où le pays a du mal à boucler son budget .
Il est clair que des pans entiers de l’agriculture marocaine ont besoin de reconversion. Celle-ci a commencé relativement avec le plan oléicole mis récemment en place par le gouvernement. Toutefois, il convient d’aller plus loin en vue de disposer d’une feuille de route agricole très claire pour les années à venir.

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