Quand l’État sort de son mutisme en affirmant ses choix et ses valeurs, forcément l’espace de la spéculation se rétrécit. Les récentes sorties de Mostapha Sahel et de Fouad Ali El Himma dans la presse, au-delà de leur caractère sensationnel sur le plan médiatique, constituent un nouveau paradigme. Pendant six ans, à ce niveau précis, le silence a été de mise, ce qui a ouvert la voie à toutes les mystifications, à toutes les supercheries et à toutes les impostures. Le champ médiatique s’est formaté durablement sur la base du mutisme de certains responsables publics, ce qui a permis l’éclosion de pratiques professionnelles «typiquement» marocaines qui, quand elles ne versent pas dans l’offre de service rémunérée, se barricadent dans le chantage nihiliste.
Fouad Ali El Himma, notamment, en choisissant de prendre la parole, et par conséquent de briser le silence, chez notre confrère Al Ahdath Al Maghribya, vient de renvoyer les offreurs de services et les maîtres chanteurs dos-à-dos. Pour exister, les médias parasites spécialisés dans la makhzénologie indigente devront à l’avenir trouver d’autres motivations que les spéculations farfelues ou la brosse à reluire payante. Le choix de la communication directe permettra de lancer à l’avenir de véritables débats, non plus sur le poids ou la cote relatifs des uns ou des autres dans l’appareil de l’État -ce qui est aussi enfantin que stérile-, mais sur les vraies questions qui intéressent l’avenir de notre pays.
Quand le débat démocratique se résume aux procès d’intentions, aux filiations supposées des uns ou des autres ou à la casse systématique des hommes d’État, cela veut dire tout simplement que la démocratie est dévoyée. Quand ce travail de sape est effectué par ceux-là mêmes qui se disent attachés à la démocratie, cela signifie simplement que nous avons à faire à des imposteurs dont la seule motivation est de détruire tout ce qui constitue, de près ou de loin, quelque chose qui s’appelle l’intérêt national.
Le temps de l’imposture est fini. Que ceux qui ont des valeurs les affichent et les défendent ouvertement. Que ceux qui veulent que ce pays avance nous disent ce qu’ils font pour cela. Que ceux qui ont un projet alternatif pour ce pays le fasse avancer à visage découvert devant les citoyens dans le cadre d’une activité politique assumée. Que ceux qui excipent d’une légitimité supérieure à celle de la nation et de ses institutions nous montrent de quelle eau elle est faite.
Maintenant, l’enjeu est que chaque protagoniste de la vie publique doit assumer clairement ses responsabilités. Cela concerne aussi les médias. Il ne sera plus possible désormais de se cacher derrière les spéculations oiseuses ou les commandes imaginaires pour tromper l’opinion publique et montrer une utilité sociale qui n’existe pas.
Ce qu’ont initié Mostapha Sahel et Fouad Ali El Himma est un processus qui devrait aller en s’amplifiant, en embrassant, rapidement, l’audiovisuel public. La nature ayant horreur du vide, tout repli ouvrira de nouveau la voie devant les marchands du temple dont l’objectif manifeste est la casse de ce pays et la démoralisation de ses citoyens.