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Éditorial : China Town à Casa

China Town. Voilà une appellation qu’on n’entendait que dans les séries américaines pour désigner ces véritables villes dans les grandes villes américaines. Après que le phénomène se soit exporté en Europe, voilà qu’il est en train de s’installer également au Maroc, en plein coeur de Casablanca. Arrivés en masse mais en toute discrétion, des commerçants chinois se sont mis à créer tout un réseau de distribution de produits, « made in China » bien entendu, dans la capitale économique. A travers de véritables souks, des marchandises, mises en vente à des prix battant toute compétitivité, inondent le marché national depuis plusieurs mois. À Derb Omar, quartier casablancais où se situent les plus grands dépôts de vente en gros du Maroc, on ne parle plus que des Chinois, voire que chinois.
Pour certains grossistes marocains, il s’agit d’un phénomène normal et même bénéfique pour l’économie nationale. Ces défenseurs du débarquement massif des produits chinois affirment que l’arrivée des Chinois a permis de réanimer l’activité commerciale, arguant qu’en l’espace de quelques mois, le chiffre d’affaires réalisé à Derb Omar a triplé. Les marchandises bon marché importées de Chine attirent le consommateur et animent ainsi l’activité commerciale. Néanmoins, cette satisfaction affichée est à relativiser étant donné que la plupart des enthousiastes sont associés à des commerçants chinois.
Pour les autres, qui sont une majorité, le débarquement massif des commerçants chinois constitue une menace pour l’économie nationale. Inonder le marché marocain avec des produits allant des appareils électroménagers aux gadgets les plus variés, à des prix très inférieurs par rapport à ceux affichés par les produits marocains porte atteinte à l’industrie nationale qui ne pourra certainement pas tenir longtemps face à cette situation.
Ceux qui tirent la sonnette d’alarme contre les effets négatifs de cette « invasion » estiment que les Chinois ont une stratégie , établie sur le long terme, et qui vise à monopoliser le marché marocain, en imposant leur mainmise sur les circuits de distribution. À titre de preuve, ils rappellent que la présence chinoise avait commencé timidement avec des visites de prospection du marché marocain via de petites affaires montées avec des importateurs locaux. Mais, avec le temps, les Chinois ont commencé à s’installer au Maroc, préférant se charger eux-mêmes de la distribution de leurs produits. En s’installant, ils ont pu créer un réseau très développé avec des ramifications tentaculaires s’étendant à tous les secteurs, ce qui leur évite d’associer des Marocains à leurs affaires.
En bref, le circuit commercial chinois consiste à l’importation de produits chinois, leur distribution sur le marché national, l’encaissement en devises et le rapatriement des sommes perçues vers la Chine. C’est donc la ruée vers les devises qui anime ces commerçants venus de l’extrême-Orient. L’on parle d’ailleurs de l’existence d’un réseau organisé dont l’activité principale serait le trafic de devises.
Qu’il s’agisse d’un phénomène bénéfique ou néfaste pour l’économie nationale, la réalité est que le débarquement chinois devrait faire l’objet d’analyses sérieuses de la part des autorités marocaines, chacune dans le cadre de ses compétences. Car, généralement, le développement d’un tel phénomène est souvent accompagné des activités délictuelles. C’est ce qu’on appelle un package.

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