Si tout se passe bien pour lui, Hassan Abouyoub ne devrait pas chômer après avoir perdu son poste d’ambassadeur du Maroc à Paris au profit du jeune Fathallah Sejilmassi. M. Abouyoub serait pressenti pour partir en mission en Côte d’Ivoire en tant que représentant spécial du secrétaire général de l’ONU.
Ce n’était pas là l’ambition de l’ex-diplomate qui était donné favori par la rumeur pour succéder au Premier ministre Driss Jettou dans un gouvernement politique.
Une manière de satisfaire la revendication du Mouvement Populaire (MP)- dont cet enfant de Tafraout a pris les couleurs il y a une dizaine d’années- de prendre une part plus importante qu’elle ne l’est maintenant dans la conduite des affaires du pays conformément à son poids arithmétique dans le Parlement.
Il se trouve que le patron du MP Mohand Laenser considère en privé qu’il est mieux placé que quiconque pour le poste. Ce qui est après tout légitime et une autre histoire.
Il semble que le destin de Hassan Abouyoub va se poursuivre pour les années à venir encore dans le domaine de la diplomatie où il a été apprécié particulièrement par les hauts responsables français y compris le président de la République Jacques Chirac. Cependant, rien n’est gagné d’avance : l’intéressé, qui a été officiellement proposé par l’ONU, attend toujours l’aval des hautes autorités marocaines.
En outre, la candidature de Hassan Abouyoub pourrait être rejetée par la Côte d’Ivoire étant donné que le Maroc est considéré comme partie prenante dans le dossier ivoirien ( il dispose dans le pays d’une importante communauté et d’un contingent militaire), donc pro-français. Il est donc possible que les autorités ivoiriennes opposent leur veto à la candidature de l’intéressé qui bénéficie selon toute vraisemblance de l’appui de Paris dans cette compétition.
Or, l’affaire semble mal engagée et le concerné en est lui-même conscient, qui ne veut pas crier victoire avant que les choses ne deviennent officielles. Chat échaudé craint eau froide, M. Abouyoub a connu par le passé des déboires, notamment à l’occasion de sa candidature en 1999 à la direction générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui était revenue finalement, grâce à l’appui des Américains, à l’ex-Premier ministre de Nouvelle Zélande Mike Moore. Destin contrarié. Et pourtant, le prétendant marocain, qui il est vrai affiche un CV où il est crédité d’une expérience notable dans le domaine du commerce pour avoir été plusieurs fois ministre de ce département, y avait cru jusqu’au bout. C’est le premier gros échec de celui qui a tout eu ou presque à l’ombre du Royaume.
Depuis qu’il n’est plus ambassadeur, Hassan Abouyoub est redevenu Monsieur Tout le monde à Paris où il doit se coltiner les difficultés du quotidien comme il n’avait pas l’habitude de le faire. Ce que c’est dur de sortir, ne serait-ce que momentanément, des privilèges du pouvoir…