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Éditorial : De qui se moque Me Ramaël ?

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Ce ne sont pas des méthodes dignes d’un magistrat sérieux et responsable. Le juge français Patrick Ramaël, qui s’est rendu récemment au Maroc dans le cadre de la commission rogatoire sur l’affaire Mehdi Ben Barka, a dérogé à toutes les règles de bienséance judiciaire qu’impose un esprit de bonne coopération entre le Royaume et la France. D’abord, quand un juge a pour difficile et noble mission de tenter d’élucider un des crimes politiques les plus mystérieux de l’histoire contemporaine, il adopte une autre démarche en agissant à visage découvert. On ne rentre pas clandestinement dans le pays d’accueil, on ne déclare pas sur la fiche de police de l’aéroport une fausse profession et on ne ment pas non plus sur  le lieu  de son séjour. C’est pourtant ce qu’a fait le juge Ramaël avec tout le respect qu’on doit à la vraie profession de l’intéressé. Ce dernier a même menti sur son adresse en France en mentionnant “ la localité du Pas-laid“, un jeu de mot insultant. Car renseignement pris, cette adresse s’est avérée fictive, n’existant que dans la tête du concerné.  Si ce n’est pas de l’ironie, cela y ressemble beaucoup. On voudrait se moquer du Maroc et de ses autorités que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Sachant que M. Ramaël était attendu au Maroc dans le cadre de cette commission rogatoire qui a obtenu l’accord préalable des autorités judiciaires marocaines, on a du mal à comprendre les raisons subtiles qui l’ont conduit à faire autant de contorsions franchement ridicules : ne pas décliner sa véritable identité et adresses et de se comporter comme s’il voulait mener à Rabat une mission secrète. Or, M. Ramaël est déjà venu au Maroc où il a  exécuté sans aucun problème une commission rogatoire dans le cadre d’une autre affaire. Si le juge en question voulait par ses agissements très peu clairs suggérer sa crainte d’être enlevé dans le Royaume dès sa sortie de l’aéroport, il convient de lui rappeler au cas où il l’aurait oublié que c’est en plein cœur de Paris et en plein jour  que Mehdi Ben Barka fut enlevé en octobre 1965.   
Malgrès le comportement pour le moins étrange de Patrick Ramaël, l’avocat français de la famille Ben Barka s’est permis à son tour de critiquer en public le manque de collaboration de son homologue marocain le juge Jamal Serhane allant jusqu’à l’accuser de dresser des obstacles devant sa mission.  Critiques mal venues de la part d’une personne dont la conduite respire la mauvaise foi du début jusqu’à la fin. Comment dans ces conditions coopérer dans un esprit franc et positif sur un dossier on ne peut plus sérieux ?
Patrie de la justice et des droits de l’Homme, la France est connue pour produire des hommes de droit rigoureux et ayant une conscience aiguë de leurs responsabilités. Le juge Ramaël, par son attitude scandaleuse, a quelque peu terni cette belle image.

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