Le déficit de la balance commerciale se creuse de plus en plus. Cette dernière risque cette année d’être négative de quelques milliards de Dhs à cause notamment de la hausse en volume des importations des produits pétroliers de plus de 10% entre janvier 2005 et fin septembre. Ceci est un paradoxe puisque la flambée des cours de l’or noir et sa répercussion sur les prix à la pompe par deux fois devraient logiquement aboutir sinon à une baisse de la consommation du moins à sa stagnation. Aucune explication objective à opposer à ce phénomène sauf à convenir que l’économie informelle est en train de prendre davantage d’ampleur au Maroc pour des raisons multiples à commencer essentiellement par la pression fiscale.
Or, les finances de l’État, selon une source gouvernementale, connaîtront dans l’immédiat de très graves difficultés à cause de l’amenuisement des rentrées des privatisations si les recettes fiscales n’augmentent pas bon an mal an de 4 ou 5 milliards de Dhs. Un souci qui transparaît clairement dans le projet de loi de Finances 2006 (en discussion actuellement devant la deuxième Chambre) qui a sucré nombre de carottes fiscales en relation avec les plus-values boursières et institué de nouveaux impôts y compris sur les pourboires des serveurs. En somme, plus d’impôts, telle sera la tendance à l’avenir à un moment où la communauté des affaires et des cadres attend une politique équitable en la matière.
Plus grave encore, certains secteurs comme l’Enseignement et la Santé publique risquent par les revendications matérielles des syndicats souvent injustifiées de faire grimper la masse salariale de la fonction publique alors que le gouvernement vient d’économiser près de 4,5 milliards de Dhs grâce à l’opération des départs volontaires. Cette nouvelle offensive sur un budget de l’État déjà exsangue n’est pas saine.
Le Maroc se trouve aujourd’hui au milieu du gué. Certes, le gouvernement s’est lancé depuis quelques années dans une politique de grands chantiers et encourage les investissements extérieurs. Mais après avoir vendu l’essentiel des bijoux de famille, quelle politique adopter sachant que la taxation du même contribuable n’est pas la bonne solution ? Faut-il laisser filer le déficit budgétaire mais pourquoi faire si cela ne servira pas à relancer la consommation étant donné que le pouvoir d’achat du grand nombre est très faible ?
Le pays a fait très tôt le choix du libéralisme et de l’ouverture économique. Or, est-il productif de continuer à ouvrir complètement les vannes des importations de tout et de rien qui occasionnent des sorties considérables de devises finalement préjudiciables à la balance des paiements ? Ou bien serait-il judicieux de se résoudre à une politique de rationalisation des importations pour stimuler la compétitivité de l’économie nationale ? C’est ce débat-là, dans un monde de plus en plus mondialisé, qu’il convient de lancer pour ne pas compromettre l’avenir.