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Éditorial : Expulsion

Bouchta Bouriki, le fameux imam dont l’expulsion par l’Italie a fait dernièrement la Une de la presse italienne et internationale crie au complot. Dans une interview à ALM (voir ci-contre), il affirme que tout ce qui a été dit sur lui dans les médias est faux et qu’il n’a jamais sympathisé avec les thèses intégristes. Selon lui, il serait victime d’un règlement de compte entre des formations politiques italiennes et que la décision de son expulsion aurait été prise dans le cadre d’un deal entre la droite et l’extrême droite italiennes.
Ce qui est certain dans l’histoire de Bouriki c’est qu’il n’a jamais, du moins, publiquement, affiché sa sympathie pour l’intégrisme, la violence ou l’organisation terroriste Al Qaïda. Alors, pourquoi a-t-il été expulsé par les autorités italiennes ? 
En fait, ces dernières n’ont pas clairement expliqué les raisons de leur décision. La loi antiterroriste italienne permettant le refoulement de toute personne pouvant constituer une menace pour la sécurité du pays, l’expulsion des étrangers soupçonnés d’appartenance à des mouvements intégristes ou sympathisants avec des organisations terroristes se fait sur une simple décision administrative et n’est donc pas soumise au contrôle judiciaire. Ce qui prive la personne refoulée du droit de bénéficier des garanties juridiques qui lui permettraient de se prémunir contre tout abus de la part des autorités administratives.
Dans le cas du Marocain Bouriki, si le recours judiciaire était possible, la décision d’expulsion aurait pu être suspendue jusqu’à ce que la justice l’approuve. Ce qui n’est pas le cas. Ainsi, Bouriki a une seule option : porter l’affaire devant la justice italienne depuis le Maroc et attendre un verdict qui pourrait lui permettre de revenir en Italie pour s’occuper de ses affaires et de rejoindre sa femme et ses enfants à Turin.
Certes, la menace terroriste est devenue l’une des préoccupations majeures en Europe dont certains pays ont été ciblés par des attaques d’Al Qaïda. Mais, l’Europe des valeurs, des libertés, des droits de l’Homme et surtout du droit à la justice ne devrait pas céder devant la terreur et la haine. L’Europe occidentale, qui a toujours incarné les valeurs universelles des droits de l’Homme, ne devrait pas abandonner ses principes sous la menace de la terreur. Les terroristes auront ainsi gagné.
D’autre part, tous ceux à qui les pays européens ont ouvert les bras et fourni accueil, sécurité et liberté devront en être les premiers défenseurs. Un ressortissant étranger qui s’installe dans un pays européen et profite des grandes marges de liberté qu’il lui garantit pour porter atteinte à sa sécurité et la quiétude de ses citoyens mérite certainement d’être expulsé. Mais, tout devrait se faire dans le cadre de la justice et de la préservation des principes universels des droits humains.

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