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Éditorial : Filières sans issue

Le gouvernement fonde beaucoup d’espoir sur les Assises de l’emploi qui auront lieu dans quelques semaines à Rabat. À cette occasion, seront annoncées un certain nombre de mesures, susceptibles de booster un marché du travail en crise et de réduire le chômage endémique des jeunes diplômés. Les principales mesures ont, il est vrai, un caractère incitatif : un diplômé qui obtient son premier poste bénéficiera en même temps d’un crédit impôt (IGR) pendant 3 ans, d’une enveloppe pour la formation et une réduction substantielle des charges sociales. Autant de frais en moins pour l’employeur-recruteur. Le gouvernement est parti du constat selon lequel l’IGR représente un frein sérieux pour l’emploi au Maroc.
À cet handicap s’ajoute la qualité de la formation du candidat qui répond rarement aux besoins de l’entreprise, qui se retrouve de ce fait sous-encadrée. Deux problèmes majeurs qui n’ont pas permis au pays d’avoir une politique attrayante en la matière. D’où le chômage structurel qui frappe une large frange de diplômés. Ces mesures intéressantes doivent être complétées en aval par un effort sérieux et courageux, particulièrement dans le domaine de l’adéquation formation-emploi qui relève, pour le moment, de l’incantation. Dans ce sens, il va falloir d’abord se résoudre à une réforme de fond, certes, douloureuse mais salutaire : fermer les filières universitaires comme la biologie, chimie et physique nucléaire qui alimentent, en grande partie,  le chômage des jeunes diplômés.  Ou à tout le moins  inscrire sur leur fronton, histoire d’avertir les candidats à l’avance  : “ formations universitaires sans avenir“. Autrement, on aura toujours, chaque année, une armada de titulaires de DEUG et de licences qui viendront grossir les rangs des diplômés en mal de travail et organiser des sit-in aux abords du Parlement sur fond de surenchère politico-syndicale. C’est ce genre de spectacle indigne qu’il faut éviter à l’avenir. Certes, disposer d’une situation professionnelle est un droit, mais il importe aussi pour les étudiants de choisir les filières à fort potentiel d’emloyabilité et en phase avec les nouveaux besoins du marché. Ici,  les pouvoirs publics ont un grand rôle à jouer. D’abord tenir un langage de vérité à l’égard des diplômés-chômeurs en leur faisant comprendre que l’époque de l’État-employeur est bel et bien finie. Ensuite, encourager les filières de formation en matière d’ingénierie et les métiers à haute technicité dont le Maroc a besoin dans le cadre des investissements étrangers qui sont en train
d’y être délocalisés.
Le département stratégique  de Habib El Malki est appelé à réorienter ses efforts dans une vision d’avenir, en donnant l’importance qu’elle mérite à la formation des cadres de telle sorte de former des ingénieurs en quantité suffisante. Objectif :  répondre à l’offre en emplois appelée à augmenter dans les secteurs d’aujourd’hui et de demain. C’est mieux que de continuer à financer à fonds perdus des filières sans issue.

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