« Il fallait que la médaille soit marocaine ! ». Mercredi soir à Helsinki, quelques minutes après la finale du 1500m, ces propos sortaient de la bouche de plusieurs responsables marocains se trouvant dans la capitale finlandaise. Des propos qui en disent long sur un véritable malaise que d’aucuns ont pu retenir. Ce soir-là, la médaille n’était pas marocaine. La déception de voir un drapeau autre que le nôtre flotter a été ressentie par tous, surtout que les quatre derniers rendez-vous mondiaux du 1500m ont été remportés haut la main par Hicham El Guerrouj. Il a suffi que ce dernier ne prenne pas part à la course pour que cette domination maghrébine, si l’on compte les trois précédents titres remportés par l’Algérien Noureddine Morcelli, ne s’écroule comme un château de cartes. Que ceux qui pensent que cette domination a continué sous les cieux scandinaves se trompent.
Ce n’est pas un Marocain qui est monté sur la plus haute marche du podium jeudi matin dans l’enceinte du stade olympique d’Helsinki. C’est un Bahreïni qui a vécu d’intenses moments d’émotion, après avoir touché le fond quatre années auparavant. Rachid Ramzi n’aurait jamais eu l’idée de quitter son pays si ce n’est l’intelligence des responsables fédéraux pour qui le mot provisoire veut dire éternel. Des responsables qui ne voient les athlètes que sous les objectifs des caméras de télévision les jours de consécration. Ils oublient que leur première mission est de préparer ces jeunes à représenter dignement les couleurs du Maroc. En dépensant le colossal budget d’une fédération qui compte parmi les plus importantes au Maroc, ils omettent de lever des fonds pour la formation des jeunes et le suivi de leurs performances. Et quand ces jeunes athlètes se rebiffent, se révoltent ou tout simplement claquent la porte pour évoluer sous d’autres cieux, beaucoup plus clément, ces mêmes responsables crient au scandale, traitant les Ramzi, Khouya, Riad, Sghir, Khannouchi et compagnie de traîtres. Ces derniers ont-ils renié leur pays pour l’aisance, le confort, les dollars. Peut-être. Mais pas uniquement.
Ils sont tout simplement à la recherche d’un avenir meilleur, financièrement bien sûr, mais surtout sportivement. Quand Rachid Ramzi a été prié de quitter l’équipe nationale d’athlétisme alors qu’il n’avait que 21 ans et avait toute une vie prometteuse devant lui, il n’a trouvé de réconfort qu’auprès d’une fédération bahreïnie qui l’a accueilli les bras ouverts, à grands coups de pétrodollars. Un investissement des plus fructueux qui a remporté une première belle médaille d’or athlétique à ce minuscule pays du Golfe. Entre temps, c’est le Maroc qui a perdu un grand champion.
À qui incombe cette responsabilité donc ? Ces responsables de la Fédération royale marocaine d’athlétisme qui se trouvent depuis une bonne semaine à Helsinki, l’une des plus belles villes au monde, ont certainement la réponse.