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Éditorial : Insécurité portuaire

Le vol récent d’un lot de détonateurs appartenant à la gendarmerie royale a mis à mal la sécurité à l’intérieur du port de Casablanca. Un fait divers qui a créé un branle-bas de combat sur fond de tension dans les différents services de sécurité. Comment se fait-il qu’une bande de voyous ait réussi à mettre la main sur un matériel aussi sensible ? Au-delà des circonstances dans lesquelles cela a pu se produire, il est clair que cette affaire révèle un problème grave de sécurisation des marchandises transitant par le premier port du Maroc. En effet, ce dernier, criblé de points noirs, est devenu une véritable passoire livrée à une foule d’individus aussi mal intentionnés que dangereux, qui y ont élu domicile depuis longtemps. Armés de sabres et d’outils en fer, ils attaquent nuitamment les containers dont ils subtilisent tout ce qui est bon à prendre et à revendre, au grand désarroi des importateurs régulièrement pénalisés faute de surveillance à la hauteur. Les clandestins représentent un autre drame plus poignant dont les armateurs marocains paient les frais à l’étranger lorsque leurs navires transportent à leur insu des candidats au départ, causant en plus des dommages considérables au contenu des containers. Tout cela est connu, mais rien n’est fait pour remédier sérieusement à ces maux. Les saccages infligés aux opérateurs privés ne donnent pas, en général, lieu à des enquêtes comme ce fut le cas pour le vol des détonateurs qui, lui, a fait l’objet d’investigations approfondies et de sanctions exemplaires.
Il faut évidemment plus que des scanners ou des caméras pour nettoyer et réorganiser les différents espaces du port. Le SPS code, instauré par l’organisation maritime internationale, a besoin d’être adapté au contexte national pour qu’il puisse donner les résultats escomptés. 
Alors, qui est responsable de la sécurité portuaire de Casablanca ?
La multitude des intervenants publics est propice à la dilution des responsabilités. Autrement dit, personne n’est responsable sur le plan juridique. Quand il y a un problème, on se refile la patate chaude. Ce qui contribue à cette situation de confusion, la structure et l’architecture du port qui sont loin d’être hermétiques. Restées figées, elles sont, de l’avis des professionnels, de moins en moins adaptées au volume des opérations traitées et du trafic engendré. Au vu de toutes ces données objectives, il est incontestable que le port de Casablanca a besoin d’une restructuration en profondeur qui prenne en compte à la fois les intérêts des différents usagers privés et ceux des administrations représentées. La mise à niveau viendra peut-être sous la pression externe. De Tanger Med qui, tel qu’il est conçu et structuré, va certainement tailler des croupières à son aîné dès son entrée en service en 2007.

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