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Éditorial : La France inquiète

La visite du Premier ministre marocain en France a quelque chose d’exceptionnel. Au-delà des relations privilégiées liant le Maroc et la France dans tous les domaines, il semble que Driss Jettou s’est rendu à Paris pour délivrer un message précis aux autorités françaises. Celui de rassurer un partenaire de premier choix devenu un tantinet inquiet sur la place prépondérante qu’il occupe toujours d’ailleurs dans le Royaume en matière commerciale et économique. Mais jusqu’à quand ?  Certes, les entreprises françaises restent les premiers investisseurs au Maroc, mais cette position confortable risque de ne pas être durable dans un pays du Maghreb dont l’environnement connaît depuis quelques années des changements importants en ces temps économiques mondialisés. Et c’est bien là qu’il convient de placer les appréhensions françaises.
En effet, l’économie marocaine poursuit son processus d’ouverture tous azimuts avec l’arrivée de nouveaux partenaires charriés par le torrent impétueux de la mondialisation. Outre les Espagnols qui taillent lentement mais sûrement des croupières aux entreprises françaises au Maroc en investissant de nouveaux secteurs d’activités aussi bien dans le domaine touristique qu’industriel, d’autres, qui ne sont pas nécessairement des partenaires traditionnels du Royaume, sont en train de s’y installer fortement. La Turquie par exemple, liée au Maroc par un accord de libre-échange, entend bien se faire une bonne place au soleil des affaires. Témoin la dernière visite à Rabat du Premier ministre turc Rajab Tayeb Erdogan avec une grosse délégation d’opérateurs économiques dont certains ont déjà raflé des marchés juteux dans le secteur autoroutier.
D’autres comptent délocaliser une partie de leur activité industrielle notamment dans l’électroménager et l’automobile… Dans des proportions non négligeables, il convient de rappeler l’accord de libre-échange Maroc-USA ratifié récemment par les deux États. Sans oublier les ALE signés avec certains pays arabes et le débarquement en masse des Chinois et de leurs produits très bon marché. Le malaise français est naturellement compréhensible face à cette offensive économique sans précédent en direction du Maroc car elle est de nature à menacer, concurrence féroce aidant, les intérêts de ce pays ami et partenaire traditionnel. Pour des considérations à la fois historiques, politiques et culturelles, le Maroc a besoin sincèrement, chez lui, d’une France forte et entreprenante, mais c’est aux responsables français in fine d’agir en renforçant davantage leur présence à la lumière de l’attirance que le Maroc exerce sur d’autres pays. L’exploration de nouveaux chemins de partenariat, qui sortent un peu des sentiers battus comme ceux de la gestion déléguée par exemple, peut donner un nouveau souffle aux relations entre les deux parties. À moins que la France ne soit entrée dans une spirale de déclin économique évoqué régulièrement par la presse hexagonale.

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