Le compte à rebours a-t-il commencé pour Hicham El Guerrouj? En tout cas, sa contre-performance, la première d’un long parcours sans-faute, au meeting de Rome indiquerait, même si l’intéressé ne veut pas se l’avouer pour le moment, la fin de sa domination de l’épreuve de 1500 mètres.
M. El Guerrouj, qui a aujourd’hui 30 ans, aura certainement du mal à tenir face à des adversaires plus jeunes et bien en jambes que lui. C’est la loi de la nature. Comme Saïd Aouita il y a une vingtaine d’années, Hicham El Guerrouj, qui tout comme son aîné a fait beaucoup pour l’athlétisme, est appelé à passer le flambeau à une autre étoile naissante du demi-fond.
Alors qui succédera à Hicham El Guerrouj ? La relève existe-t-elle ? Les chasseurs de “jambes“ en or ont-ils sous la main des coureurs de talent programmés pour briller ? Pour le moment, on en voit pas. Le vainqueur du tournoi de Rome, Rachid Ramzi, est certes d’origine marocaine, mais il court sous les couleurs du Bahreïn. Le cas de ce dernier symbolise le problème de l’athlétisme marocain : la fuite des athlètes de haut niveau. Les rares graines de champions qui émergent du lot sont “vendus“ au prix fort à des nations qui n’ont pas de tradition ni sportive ni athlétique avec la complicité de ceux qui sont censés les dénicher pour le compte du pays. Résultat : Cette discipline se trouve passablement dégarnie là où elle doit se découvrir très tôt des vocations de telle sorte de renforcer l’athlétisme national et perpétuer son rayonnement international.
Pour cela, il importe de créer des structures professionnelles chargées de déceler, d’encadrer et d’investir sur les jeunes talents capables de porter très haut les couleurs nationales. Car jusqu’ici, les Aouita et autres Guerrouj sont des “accidents“ qui ne doivent leur carrière prestigieuse qu’à eux-mêmes. Personne ne les a dénichés. Et c’est justement le drame de ce sport, qui faute de fédération dissoute il y a quatre ans, continue à être géré par un comité provisoire. Le provisoire qui dure… À cela s’ajoute un directeur technique national aux méthodes de travail très contestées par les athlètes eux-mêmes. Or, Aziz Daouda préside aux destinées de l’athlétisme marocain depuis près de 20 ans.
Une longévité qui s’explique peut-être là aussi par l’absence de candidats à même de prendre le relais. Absence de professionnalisme, manque de sérieux, crise de dirigeants, règne de l’improvisation… Les maux de la discipline se recoupent avec ceux du sport marocain en général qui ne dispose pas de normes claires et éprouvées dans le domaine de “fabrication“ de sportifs professionnels. Ici, l’amateurisme et le hasard continuent à tenir lieu de politique. Et pourtant, le sport, eu égard à son rôle social intégrateur, a besoin d’un peu plus d’attention. Pour le sortir des griffes des charlatans afin qu’il soit géré comme une entreprise privée, alliant normes de qualité et reddition des comptes.