Dans tout corps de métier, on trouve des bons et de mauvais éléments. Le bien et le mal existent dans toutes les sociétés du monde depuis que Dieu a créé l’homme et l’a renvoyé sur terre. Il n’est pas donc étonnant que l’administration de la Justice compte quelques brebis galeuses qui font fi de la déontologie et de l’éthique. Comme il existe de bons et de mauvais ministres, gouverneurs, députés, conseillers, élus communaux et journaliste, entre autres, la justice a ses mauvais magistrats. Mais on trouve aussi des présidents de tribunaux, des juges, des procureurs et des substituts honnêtes, justes et intègres. Malheureusement, ces derniers, qui constituent la majorité de cette corporation, ne sont pas toujours appréciés à leur juste valeur. Du coup, ce ne sont pas les plus méritants qui montent dans l’échelle de la promotion. Il n’est pas donc surprenant de trouver des magistrats qui vivent dans un-deux-pièces au Maârif et d’autres qui font de l’équitation dans des palais au quartier Californie. Le rapport salaire et biens cumulés étant des plus irrationnels, il est clair que l’injustice a prévalu pour donner cette répartition impossible. La Justice au Maroc a été toujours mise au banc des accusés, que ce soit par les agissements de quelques magistrats véreux, ou par l’interventionnisme des pouvoirs publics. Mais, si son indépendance est clamée par tout le monde, sa réforme continue de buter sur des poches de résistance de plus en plus organisées. Certes, cette opposition au changement est très éparpillée, mais elle a toujours constitué un frein à toute esquisse de réforme. A tel point que les rares ministres de la Justice qui se sont essayés à cet exercice ont, soit reculé devant la pression, soit fait long feu. On comprend mieux, aujourd’hui, pourquoi certains ministres audacieux ont fini par lever le drapeau blanc devant une justice noire. Il est inconcevable d’entendre aujourd’hui qu’une poignée de magistrats suscitent un tollé général pour défendre l’indéfendable. Quand on est juge, on a l’obligation de réserve pour éviter de soutenir des magistrats impliqués dans l’affaire du narcotrafiquant Erramach. D’abord, ce soutien n’est pas recommandable pour tout bon citoyen de ce pays et à fortiori pour un magistrat. Ensuite, ce dernier connaît mieux que quiconque la loi pour savoir qu’il ne faut pas s’exprimer sur une affaire encore en instruction. Tertio, personne n’est au-dessus de la loi, y compris les hommes de loi et de droit. Même si l’on continuera à considérer toutes les personnes impliquées dans cette affaire comme des présumés coupables jusqu’à leur jugement. La présomption d’innocence est aussi valable pour les narcotrafiquants que pour les policiers et les magistrats cités dans ce dossier. C’est l’essence même de la justice, qu’une certaine presse veut renier en amplifiant une pétition qui met les magistrats au-dessus de la loi. Quand on parle de 1.200 signataires alors que le ministre de la Justice en a recensé à peine quarante, c’est que l’on veut enfoncer davantage une justice qui a du mal à se relever.