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Éditorial : Le label de sang

Tanger a été subitement projetée au-devant de l’actualité. La raison en est que les suspects interpellés dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Madrid sont tous natifs de cette ville du nord du Maroc qu’ils ont quitté depuis plusieurs années pour s’installer en Espagne. Dès que l’identité des concernés a été révélée, les journalistes étrangers ont fait le voyage de la Mariée de nord pour récolter des éléments sur le parcours local de Jamal Zougam, employé de bureau de 30 ans et ses deux autres acolytes, Mohamed Bekkali, mécanicien de 31 ans et Mohamed Chaoui son demi-frère, manoeuvre de 34 ans.
Ces trois jeunes hommes natifs du Maroc, actuellement entre les mains des enquêteurs, ont en commun d’être des résidents en Espagne.
Et puis, l’un d’entre eux, Jamal Zougam, n’était pas inconnu des services de sécurité espagnols puisqu’il a été interrogé par le juge anti-terroriste Baltazar Garzon dans l’affaire de la cellule locale d’Al Qaïda démantelée en novembre 2001. Ce n’est pas étonnant que cette triplette soit de nationalité marocaine. Le Maroc dispose avec quelque 300.000 personnes de la première communauté musulmane et étrangère en Espagne. Tout comme leurs congénères arabes de France, d’Italie ou d’Allemagne qui vivent en marge de la société de leurs pays d’accueil, les émigrés marocains sont travaillés par des sentiments d’exclusion et de frustration. Aussi une minorité d’entre-eux représentent-ils un vivier idéal pour les sergents-recruteurs d’Al Qaïda qui exploitent leur haine contre les pays occidentaux et les régimes arabes jugés impies pour en faire des machines à tuer.
Al Qaïda est moins une organisation avec des structures identifiées qu’une marque de fabrique qui revendique les attentats terroristes comme ceux qui ont touché les Etats-Unis, l’Indonésie, le Pakistan, le Maroc et l’Espagne. Les groupuscules se réclamant de ce label de sang ne frappent pas là où ils veulent mais là où ils peuvent. La différence est de taille. Cela signifie que cette organisation choisit bien ses proies, les pays où elle lui est possible de recruter facilement et de passer à l’acte et où la lutte antiterroriste pèche par des failles ou des insuffisances.
Tout comme elle a été posée suite aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003, la question vaut aujourd’hui pour ceux de Madrid : pourquoi les services de sécurité n’ont pas fonctionné pour déjouer les attaques terroristes ?
L’ennemi se distingue, il est vrai, aussi bien pour sa mobilité que pour son invisibilité. Ce qui rend difficile son identification. Il n’y a qu’une seule parade pour contrecarrer le terrorisme aveugle : une coopération internationale la plus large possible dans le domaine de la lutte contre ce fléau. Le Maroc et l’Espagne, qui sont confrontés au même danger, doivent plus que jamais unir leurs forces pour pouvoir prévenir les opérations des sicaires de Ben Laden.

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