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Éditorial : «Le machin»

Le Conseil de sécurité doit décider incessamment s’il accorde ou refuse la légitimité de la Communauté internationale à la frappe militaire programmée par les Etats-Unis contre l’Irak.
Même si diplomatiquement rien n’est encore joué, l’Administration américaine menace de recourir à la guerre avec ou sans l’aval des Nations unies. Cette attitude est dangereuse pour la paix et la sécurité dans le monde. L’enjeu de cette prise de position revêt, en effet, une importance capitale qui ne se limite pas au seul imbroglio irakien. Une guerre décidée unilatéralement, en dehors du cadre légale internationale de l’ONU, portera gravement atteinte aux principes contenus dans la Charte onusienne.
La nation la plus puissante de la planète estime par la voie de son président que les Nations unies, s’ils ne se plient pas à ses desseins en Irak, n’ont plus aucun rôle à jouer. En décidant de déclencher tout de même la guerre, sans l’accord du Conseil de sécurité, c’est-à-dire si elle ne trouve pas une majorité ou si elle trouve un veto en face d’elle, l’Administration Bush fait déjà une première victime, l’ONU. Il n’y aura plus de cadre juridique international pour résoudre les conflits. Si l’approche américaine finissait par s’imposer, envers et contre la volonté de la quasi-totalité de la communauté internationale et au mépris des lois qui fondent la coexistence au sein de cette communauté, alors la guerre relèverait à nouveau de la compétence des états. Surtout des plus puissants parmi eux.
Ces Etats seraient libres d’en user et d’en abuser quand et où ils leur semblent. Car rien ne pourrait plus s’opposer à eux, sauf une force plus grande. C’est exactement ce que la Charte des Nations unies veut empêcher à tout prix. La démarche américaine est aux antipodes des principes les plus élémentaires qui régissent pacifiquement les relations internationales. Car, si par impossible elle finissait par s’imposer, nous serions alors dans la logique d’une politique internationale dominée par l’unilatéralisme des plus puissants, une puissance qui prend une forme belliciste. Il n’y aura plus d’ONU, plus de Conseil de sécurité, puisque le pays le plus puissant de la planète les aurait traités avec le plus grand mépris. Rarement une atmosphère, aussi tendue, et un ton, à ce point acrimonieux, ont plané sur les Nations unies. En tout cas pas depuis la chute du Mur de Berlin et la fin de la Guerre froide.
À l’approche du vote décisif, les Etats et les peuples doivent rappeler leur attachement à la légitimité que confère l’ONU, seul cadre légitime de règlement des différends. Sa Charte est catégorique. Elle stipule qu’afin d’assurer l’action rapide et efficace de l’Organisation, elle confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix. Aujourd’hui, pour les membres de ce Conseil, cette responsabilité a rarement été plus lourde à porter. Dans très peu de temps, ils doivent décider de la survie ou de la mort de l’ONU.

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