Les obscurantistes tiennent le haut du pavé, ils ont ressorti une littérature en apparence civilisée, mais le fond reste le même. Pas du tout clair. Menant ouvertement une campagne insidieuse pour jeter le trouble sur le 16 mai, ils jouent sur les mots pour cacher leur véritable nature. Toujours cette duplicité qui revient au galop dès qu’ils soupçonnent un relâchement ou se sentent directement concernés.
Au cours de ces derniers jours, en pleine fronde de détenus islamistes en grève de la faim, c’est au retour de Ahmed Raïssouni, ponte parmi les pontes du MUR, ce gardien du temple idéologique de l’islamisme légalisé, dont nous avons été gratifiés. À travers un communiqué du bureau exécutif du MUR publié dans le journal du Mouvement, il a osé se mettre en avant pour proposer ses services : tout en déclarant que les procès des accusés dans le cadre du 16 mai n’ont pas été équitables, le rédacteur du texte laisse entendre qu’il est capable de convaincre les grévistes d’arrêter leur mouvement. La technique est éprouvée : on se rend soi-disant utile dans une démarche de méditation et, au passage, on se permet de contester le plus important, en l’occurence de la chose jugée dans une affaire qui a ébranlé le pays. Très grave. D’ailleurs, les articles publiés dans Attajdid et les communiqués rédigés tant par le PJD que par le MUR ont ceci de commun : ils se rejoignent dès qu’il s’agit de la Salafiya Jihadia. “ Ce qu’on appelle la Salafiya Jihadia“, c’est ainsi que cette mouvance criminelle est présentée. Par cette formule, les responsables du MUR et du PJD – deux faces d’une même médaille – veulent accréditer l’idée que la Salafiya n’est qu’une création de milieux qui cherchent à “ nuire à l’image du mouvement islamiste“ au Maroc. Il ne reste plus aux promoteurs de cette grossière propagande que de parler de "ce qu’on appelle les événements du 16 mai". Vivant comme une injustice le fait qu’ils soient expédiés à l’ombre, les islamistes du PJD -avec les dirigeants du MUR- ont du mal à cacher leur sympathie avec Abou Hafs, Fizazi et les autres qu’ils considèrent comme des prisonniers politiques. Cela est dû peut-être au fait que les uns et les autres mènent le même combat même si les moyens utilisés diffèrent.
Les théoriciens de la Salafiya Jihadia sont coupables d’avoir diffusé selon une vision rigoriste de l’Islam des fatwas mijotées à la haine et à la violence et fait circuler une littérature qui fait l’apologie du crime au nom du “pourchas du mal“. Ces appels dangereux ont prospéré dans les quartiers difficiles des grandes villes comme Fès où des sicaires d’Abou Hafs se sont octroyé le droit d’agresser des gens qui sont différents d’eux soit sur le plan vestimentaire soit sur le plan comportemental. Le PJD et ses hommes rejettent bien sûr la violence dans leurs discours et condamnent les attentats de Casablanca. Mais cela ne les empêche pas de jeter le doute sur les véritables commanditaires de ces évènements tragiques où ils ont bel et bien une responsabilité sinon indirecte du moins morale.