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Éditorial : Le revers de la médaille

Hicham El Guerrouj a inscrit son nom en lettres d’or dans les annales olympiques. En réalisant un doublé historique à Athènes sur les épreuves du 1.500 m et 5.000 m, le prodige de Berkane a confirmé qu’il est le seigneur incontesté du demi-fond. Grâce à son talent et à sa persévérance, les couleurs nationales ont été hissées très haut à deux reprises dans le ciel de la capitale grecque. Un bonheur immense pour le Maroc et une fierté pour les pays arabes.
Cependant, ce serait inexact de dire que la prouesse d’El Guerrouj est une victoire du sport marocain. Il s’agit de la consécration d’un seul homme hors du commun, d’un athlète exceptionnel qui, à force de détermination et de sérieux, est arrivé à monter sur les plus hautes marches du podium. Les deux médailles d’or de Hicham El Guerrouj et la médaille d’argent de Hasna Benhassi ont sauvé la mise à la participation marocaine aux Jeux Olympiques. Une participation médiocre vu que les autres disciplines ( Judo, Taekwondo, natation, Tennis, Football et Boxe) qui ont pris part à cette compétition prestigieuse n’ont récolté aucune médaille. Sans oublier l’absence lors de ces JO des autres sports collectifs comme le hand-ball, le basket-ball et le volley-ball. Apparemment, la bagatelle de 20 millions de DH octroyée par la primature à l’ensemble des disciplines olympiques pour bien se préparer au rendez-vous d’Athènes 2004 n’a servi à rien. Les bénéficiaires peuvent toujours rétorquer que cette somme est modique et qu’elle n’est pas de nature à faire des miracles sportifs. Mais pourquoi l’avoir empoché ? En vérité, ce n’est pas en distribuant de l’argent de cette façon que le sport marocain retrouvera le chemin de l’excellence. Ce n’est pas non plus en continuant à se passer d’un ministère du Sport que verra le jour une politique ambitieuse en la matière qui recherche les performances et déniche les jeunes talents.
Certes, l’essentiel c’est de participer mais l’on remarque bien, au vu des résultats, qu’en dehors de Hicham El Guerrouj, le pays manque terriblement de champions capables de bien le représenter. Un champion dans un domaine comme la natation ou le Judo qui requiert du travail à long terme, de l’encadrement professionnel et de la technicité, se construit très tôt. Il n’est jamais un fruit du hasard.
Les responsables des fédérations défaillantes et du non moins défaillant Comité national olympique marocain (CNOM) doivent faire leur auto-critique et même rendre des comptes à la lumière des contre-performances des disciplines concernées. Il n’est pas normal que le sport national continue à se cacher derrière les exploits de deux ou trois athlètes dans une auto-satisfaction qui dispense les autres composantes du sport national d’obligation de résultat.
Il y a urgence à revoir les méthodes de travail des tuteurs des différentes disciplines et à assainir leurs rouages. De cette action salutaire et nécessaire devraient sortir de nouvelles instances sportives dotées d’un encadrement nouveau.

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