Couverture

Éditorial : Le sucre maudit

Avec un peu de chance, les quatre sucreries du pays, placées sur la liste des privatisables il y a plus de deux ans, trouveront repreneurs dans quelques mois. Le plus offrant fera tomber ces entreprises dans son escarcelle. Des entreprises qui, il faut le dire, sont loin d’être un modèle de gestion et connaissent depuis longtemps une méforme financière assez importante. Mais l’État était obligé à chaque fois de mettre la main à la poche pour résorber le déficit chronique de ces unités industrielles et surtout maintenir en vie une activité en amont ( la culture betteravière essentiellement) condamnée car très peu compétitive. Les gouvernements précédents n’ont pas eu, semble-t-il, suffisamment de courage politique pour ouvrir sérieusement ce dossier épineux sous peine de s’empêtrer dans des problèmes sociaux inextricables alors qu’il s’agissait d’arrêter l’hémorragie en préparant la reconversion des cultivateurs concernés par cette industrie.
En attendant, l’État continue, bon an mal an, à subventionner la filière pour plus de 2 milliards de Dhs dont une partie vient de l’équivalent tarifaire qui sert exclusivement à protéger l’industrie locale. Le produit de cet équivalent, qui fluctue en fonction des cours internationaux, a représenté entre 1995 et 2003 la somme de 500 millions de Dhs. Or, quand les prix à l’international baissent, l’équivalent tarifaire augmente.
Ce système pervers est conçu de telle sorte qu’il n’encourage guère les importations de qualité. Résultat : que le prix de la tonne de sucre brut chute ou grimpe ( actuellement il est de 240 dollars), le coût après paiement des droits de douane et autres taxes se situe autour de 4700 Dhs. La cession de ces sucreries est une bonne chose. Elle va à coup sûr  soulager les finances publiques. Ce qui l’est moins c’est l’option de la privatisation étant donné que les repreneurs potentiels des quatre sucreries dont fait partie la Cosumar posent une condition essentielle : continuer à bénéficier du monopole actuel détenu par la Cosumar et à évoluer dans un marché protégé. Condition certes compréhensible mais préjudiciable aussi bien pour le consommateur que pour les industries à base de sucre comme les biscuiteries et les confiseries. Ces dernières se trouvent d’office peu compétitives par rapport à leurs concurrentes étrangères qui achètent cette matière première à meilleur prix. Il n’est pas normal en effet que le kilogramme de sucre soit vendu localement à plus de 4 dirhams alors qu’il est disponible à 2 fois moins cher sur le marché international
Le choix judicieux aurait été la fermeture des quatre sucreries avec un plan social à la clé, une politique de reconversion des betteraviers pour préparer la mise en place de la libéralisation de la filière. Chantier ambitieux, le programme de l’oliveraie récemment élaboré avec des facilités pour les petits agriculteurs s’inscrit parfaitement dans cette logique de modernisation de l’agriculture nationale et de son recentrage sur des produits à haute valeur ajoutée.

Related Articles

CouvertureEconomieUne

Trains Intercités : un match Europe-Asie pour le marché ONCF

«Le marché lancé par l’ONCF prévoyait en plus de l’acquisition d’un nouveau...

CouvertureEconomieUne

Premiers détails du projet de feuille de route pour l’emploi

En décembre dernier, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait présidé à...

CouvertureSociétéUne

Le Maroc renforce son dispositif de lutte contre les incendies de forêts

Avec l’approbation d’un nouveau système américain équipant les hélicoptères Airbus H225 Super...