Les trois composantes de la mouvance populaire, MP, MNP et UD, ont été en conclave samedi 20 décembre à Rabat. Les chefs et les troupes de cette triplette familiale, implantée aussi bien dans le Maroc des villes que des champs, ont jeté au terme de cette réunion les bases d’une structure commune baptisée la Mouvance populaire unifiée ( MPU) appelée à se substituer aux trois partis. Mais ce n’est pas dans l’immédiat que les trois mouvements vont se dissoudre dans une même entité avec un leader unique. Il faut encore attendre. Combien de temps ? Les intéressés eux-mêmes ne le savent pas. Une chose est sûre: les gages de longévité politique et de longévité tout court sont insondables. C’est pour cela que Laenser et ses pairs harakis se sont avisés de préparer à l’avance le cadre de l’union censé prendre le relais et la relève. Le moment propice n’est pas encore venu. Apparemment. En attendant, le leader du MNP Mahjoubi Ahardane a été nommé président du MPU, une structure qui n’existe pour le moment que sur le papier. Animal politique qui a de la ressource, M. Ahardane a tout vu et tout vécu. La mouvance originelle qu’il a fondée en 1958 avec Lahcen Lyoussi et Abdelkrim El Khatib avant de donner naissance au fil des scissions à d’autres mouvements est devenue aujourd’hui la première force électorale du Maroc en termes de sièges enlevés à l’occasion des différentes consultations électorales. C’est l’addition des scores obtenus par les trois mouvements qui confère la première place au pôle haraki. Cette performance serait-elle toujours au rendez-vous, intacte si les trois mouvements fusionnent dans un seul ensemble ? Oui à une seule condition, répondent les intéressés. Laquelle ? Que le pays renonce au mode de scrutin de liste et revienne à l’uninominal à un seul tour. Autrement dit, les trois mouvements sont prêts à unir leurs forces sur le terrain, ce qui bloque c’est le mode de scrutin. Force est de constater que cet argument est court ne serait-ce que parce que le succès électoral ou politique d’un parti n’est pas seulement lié au mode d’élection adopté. En fait, cet argument ne sert qu’à valider le retard dans la mise en place d’une union effective et réelle à trois. Après la division, les dirigeants du MP, MNP et UD sont certes désormais conscients de la nécessité de la fusion, ce qui est déjà une évolution importante en soi. Mais les conditions pour que ce désir d’union se transforme en une réalité tangible ne sont pas encore mûres. Il ne faut pas aller plus vite que la musique car le moindre incident pourrait fragiliser un chantier encore à ses débuts et faire peser une sérieuse hypothèque sur ce projet d’intégration politique ambitieux. Cela dit, la sortie du pôle populaire, à quelques jours de la nouvelle année 2004, ressemble à une opération de communication sur les ambitions d’un mouvement qui entend jouer à l’avenir un rôle plus important dans les rouages de l’État. Un rôle qui soit à la mesure de son poids politique dans le pays. Il est vrai que la famille harakie a le sentiment d’être lésée au plan des postes de responsabilités. Or, ce qui est paradoxal c’est que la prépondérance de la mouvance dans le paysage politique national ne s’est pas traduite par une participation de grande qualité dans l’actuel gouvernement.