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Éditorial : Malédiction

Le président de l’Union démocratique (UD) a été démis, lundi 5 juillet, de ses fonctions par les membres du bureau politique du parti. Bouazza Ikken est victime d’une fronde des siens qui a éclaté suite au dernier remaniement du gouvernement Jettou. Ce fait divers politique d’été n’est guère surprenant. Il était même prévisible compte tenu des conditions qui ont présidé à la création de l’UD, fruit d’une énième scission d’avec le MNP de Mahjoubi Aherdan. L’homme de Khemisset, compagnon de route de longue date d’Amghar d’Oulmès, voulait son parti. Il s’est donné tous les moyens pour se l’offrir, à commencer par ceux d’obtenir un groupe parlementaire de 52 élus dont 28 à la première Chambre.
La majorité de ces derniers sont des transfuges du Mouvement de Aherdan ( plus certains du MDS de Mahmoud Archane) qu’ils ont quitté pour “absence de démocratie interne“ et pour “gestion unilatérale“ des affaires du parti. Ce sont les mêmes accusations portées aujourd’hui contre Ikken par ceux qui l’ont rallié hier en diabolisant Aherdan. Le leader de l’UD a adopté à son tour la ligne de défense identique à celle de son ancien ami : il explique le geste de certains contestataires comme Ahmed Moussaoui, Mohamed Fadili et autres Belhaj Dermoumi par le fait qu’ils sont des frustrés de la ministrabilité. Ce qui n’est pas totalement faux. D’ailleurs, la création de l’UD, fruit de la rencontre des ambitions d’un homme qui voulait être leader politique et celles de personnes qui ont des appétences ministérielles à peine cachées, est intervenue juste avant les élections de 2001 dans la perspective de participer au futur gouvernement. Plan contrarié. Que des rêves brisés. Driss Jettou formera son cabinet en faisant appel aux deux grands pôles de la mouvance que sont le MP et le MNP. Exit le tout-nouveau UD. Le Premier ministre tentera de rectifier le tir à l’occasion du dernier lifting de son équipe en proposant un seul portefeuille ( les télécommunications) à M. Ikken. Portefeuille rejeté car jugé “subalterne“ par l’intéressé qui sera accusé par Moussaoui et ses amis d’avoir mal négocié la participation du parti. Le divorce est parti de cet épisode. Il était dans l’air.
Le syndrome de la mouvance populaire a encore frappé l’UD. Il s’agit de cette espèce de malédiction qui fait que les dissidents d’hier ne tardent pas à se retourner contre le chef du moment qu’ils se sont pourtant choisis de manière unanime.
En politique, l’addition des contraires tourne toujours à la soustraction et la somme des intérêts individuels ne fait pas une formation solide et crédible. L’UD est une affaire nullement sérieuse qui ne se justifie guère en l’état actuel du paysage politique. Elle n’a servi qu’à porter du tort à l’image de la famille populaire (MP, MNP et UD) que l’on croyait définitivement réconciliée avec elle-même et durablement engagée sur le chemin de l’union.
La destitution du patron de l’UD, dont la légalité est contestée par ce dernier, finira certainement devant la justice. Quelle que soit l’issue du bras de fer entre les deux parties, les contestataires voudront s’installer à leur propre compte avec M. Moussaoui ou M. Fadili comme nouveau chef. La chefferie continue à sévir chez les Harakis.

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