L’USFP semble regretter sa participation au gouvernement deux ans environ après sa formation. C’est ce qui ressort du communiqué rendu public à l’issue de la réunion le week-end dernier du comité central du parti. Dans le deuxième point du document, il est fait mention de la Koutla et de la “nécessité de clarifier sa mission et d’approfondir son rôle réformateur qu’il a joué dans les années 90 pour préparer l’avènement de l’expérience de l’alternance.“ Les rédacteurs du communiqué qui appellent à un réajustement de l’action politique au Maroc mettent l’accent sur la concertation entre les membres de la Koutla.
Voilà, l’USFP veut réanimer un ensemble tombé dans le coma depuis plusieurs années. En fait, l’acte des socialistes est un appel du pied en direction de l’Istiqlal, ce frère-ennemi qui du moins dans les discours de ses dirigeants a toujours fait de la Koutla un préalable essentiel à toute démarche unitaire efficace. Mais l’USFP, du temps où Abderrahmane Youssoufi était Premier ministre, avait marqué nettement sa préférence pour la majorité au détriment de la Koutla.
D’ailleurs, ces deux partis, qui ont plus d’énergie à s’étriper à fleurets mouchetés qu’à mettre leurs efforts en commun dans une stratégie politique réaliste, ont abordé les législatives de septembre 2002 en rangs dispersés au lieu de présenter des listes communes.
Les temps ont changé et le fait qu’un technocrate ait été choisi pour diriger le nouveau gouvernement représente une sanction sévère de la classe politique qui y a vu une remise en cause du processus démocratique initié par l’avènement en 1998 du cabinet d’alternance. Tout comme les autres composantes du paysage politique, l’USFP est actuellement dans un cet état d’esprit : il sent qu’on peut au pis former des exécutifs et nommer des responsables sans recourir aux partis et au mieux les mettre à contribution pour un habillage technocratique.
En somme des partis-alibi. Mais cela n’a pas empêché l’USFP de participer au cabinet de Driss Jettou à un moment où elle avait la possibilité d’oeuvrer pour la réhabilitation de la politique à partir des travées de l’opposition. Plutôt que de choisir cette voie qui est tout aussi constructive, le parti a cédé à la tentation des portefeuilles où il est en train de perdre sa fibre militante.
Les choses étant ce qu’elles sont, l’USFP de Mohamed El Yazghi, dans son dernier conclave de Rabat, n’a fait en vérité qu’étaler ses états d’âme faute de pouvoir prendre le parti d’un véritable changement qui lui restituerait son ascendant d’antan sur la vie politique. Certes, il est légitime de vouloir aujourd’hui ressusciter la Koutla de la décennie 90 qui a su négocier avec le Roi défunt, mais il en faut plus que des professions de foi et des frustrations recuites pour revenir au coeur du jeu politique.
Rien n’est pire en politique que de ne pas décider. L’USFP campe toujours cette posture esthétique.